Histoires d'Info. Tati, l'histoire d'une enseigne mythique
La date limite de dépôt des offres fermes pour la reprise de l'enseigne Tati est fixée à mercredi 24 mai. Thomas Snégaroff rappelle le temps de l'âge d’or et la stratégie atypique de cette marque.
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C'est mercredi 24 mai la date limite de dépôt des offres fermes pour la reprise de l'enseigne de petits prix Tati, en cessation de paiement depuis avril 2017. De quoi se rappeler le temps de son âge d’or et la stratégie atypique qui a fait son succès.
Tati, c'est quelque chose pour toute une génération de Français. Une enseigne à part, fondée juste après la Seconde Guerre mondiale par un Juif tunisien, Jules Ouaki. Son nom est tiré du surnom de la mère ou de celui de la fille (les versions divergent) de Ouaki, Tita. Le premier magasin est ouvert au coeur du quartier de Barbès, au 2 boulevard de Rochechouart et va petit à petit absorber les immeubles voisins pour s'agrandir. Au début des années 1970, il atteint 3 000 mètres carrés et est fréquenté quotidiennement par plus de 40 000 clients. Fort de ce succès, de nouveaux magasins s'ouvrent dans Paris puis dans les régions à partir des années 1980. Le fameux vichy rose s'est imposé. Et c'est d'ailleurs en raison de la foule qu'il draine que l'attentat meurtrier de la rue de Rennes est commis devant un magasin Tati, le 17 septembre 1986.
Un succès incroyable
Le succès de Tati est avant tout dû à ces prix. Comme le dit le slogan : "Tati, les plus bas prix". La recette nous est donnée en 1976 par le fondateur de Tati lui-même, Jules Ouaki : "Nous nous en sortons parce que nous avons le débit, nous avons la consommation, nous avons la vente. Les gens viennent, prennent douze collants, vingt-quatre collants, six slips. Et nous achetons tous nos articles, à 80 %, à la source c'est-à-dire en très forte quantité et avant saison pour essayer de maintenir nos prix très bas. C'est ce qui a fait notre publicité." Une formule géniale associée à une ambiance de marché, voire de souk : on touche la marchandise, les chaussures sont en vrac. On fouille, sans complexe !
La clé c'est que Tati s'approvisionne directement chez les fournisseurs et leur achète, hors-saison, des quantités énormes en échange de prix avantageux. Il faut parfois aller à l'étranger pour cela : dès les années 1970, François, le frère de Jules, ramène la quantité astronomique de 24 000 pulls de Hong-Kong. Mais Tati fait aussi vivre l'industrie du textile français grâce à l'autre aspect de sa stratégie de petits prix : la réduction du nombre des intermédiaires. L'enseigne travaille avec plus d'un millier de fournisseurs français au début des années 1980. Imaginez qu'à cette époque, un quart des fabricants de textile français travaille pour Tati.
Décidément, Tati appartient à un monde du passé. Espérons que les offres de reprise lui permettront de s'inventer un avenir. Dans le quartier, les habitants attendent eux aussi la suite de l'histoire.
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