La télé-réalité a-t-elle encore un avenir?
Après la mort d'un candidat lors du tournage de Koh-Lanta, l'affaire a pris une tournure judiciaire cette semaine. Le parquet de Créteil a notamment ouvert une enquête préliminaire pour "homicide involontaire". La saison 2013 de l'émission a déjà été annulée, mais son avenir à plus long terme reste incertain. Décryptage avec François Jost, sociologue et spécialiste de la télé-réalité. Un dossier de Pierre-François Decourcelle.
Inspiré du concept "Survivor", "Koh Lanta" est l'un des programmes pionniers de la télé-réalité . Mais au fil des années il s'&tait un peu dilué d'après François Jost poussant TF1 à "dramatiser un peu le jeu, en montrant que les candidats perdaient 15 kilos. Il s'agissait de remettre une couche de réalité." "Il faut que le spectateur croit qu'il y a du danger sinon cela n'a plus aucun intérêt. C'est un jeu de plage" .
Pour lui l'avenir du jeu dépend "de la responsabilité qu'on trouvera à la fin" de l'enquête . Récemment, le site Arrêts sur Images (payant) a relayé le témoignage anonyme d'un employé présent sur place et qui évoque des retards et des négligences dans la prise en charge médicale du jeune homme."S'il y a vraiment eu des négligences, cela remet en cause le statut de ces émissions" .
Quel avenir pour la télé-réalité?
Plus de 12 ans ont passé depuis l'avènement de "Big Brother". Les concepts ont vieilli, mais pour François Jost *"les téléspectateurs ont toujours besoin de sentir un indice du réel* , de sentir que ce n'est pas manipulé." Malgré tout, "on est arrivé au bout" estime le sociologue qui voit aujourd'hui deux types de télé-réalité: une provocante sur les petites chaînes, à l'image des "Anges de la télé-réalité" sur NRJ 12, et une autre plus lisse sur les grandes chaînes, mais "qui risque de perdre son intérêt".
Et à l'étranger?
François Jost rappelle que des "programmes se créent encore tous les jours aux États-Unis." Et pour cause, d'après lui, "il suffit de briser un tabou ou des pêchés dans la région catholique pour que ça fasse télé-réalité". "On peut multiplier encore les épreuves pour les candidats, qui sont des épreuves de résistance à la tentation" .
François Jost, publie le 4e numéro de sa revue Télévision aux éditions du CNRS. "L'appel du divertissement".
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