Édito
Affaire Bétharram : François Bayrou dénonce des accusations infondées mais a-t-il convaincu ?

Le Premier ministre était auditionné mercredi par la commission d'enquête parlementaire sur la violence scolaire. Une séquence à laquelle il s'était préparé.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Bayrou, le Premier ministre, auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur la violence scolaire, à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 mai 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
François Bayrou, le Premier ministre, auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur la violence scolaire, à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 mai 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

Auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, François Bayrou a répondu mercredi 14 mai pendant cinq heures et demie aux questions des députés sur l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram. Et la meilleure défense, c’est l’attaque, on le sait. Le Premier ministre a donc fait sien cet adage célèbre. Fini le dilettantisme de ses premières réponses à l’Assemblée, ses déclarations à l’emporte-pièce, ses propos brouillons et parfois contradictoires qui avaient alimenté le soupçon.

Le Premier ministre préparait cette audition depuis trois semaines et cela s’est vu. Il avait apporté une montagne de dossiers, de documents, d’articles, piochant une pièce après l’autre pour préciser un fait, une date, une déclaration. François Bayrou a bataillé pied à pied, pour disqualifier certains témoignages, remettre en question des comptes rendus d’auditions, et surtout réfuter toute intervention dans la procédure judiciaire.

Un duel avec le co-rapporteur Paul Vannier

Le chef du gouvernement a surtout ciblé l’un des deux co-rapporteurs qui le lui rendait bien, le député LFI, Paul Vannier. Ce fidèle de Jean-Luc Mélenchon avait lancé l’assaut en l'accusant, le 11 février à l’Assemblée, d’avoir "protégé des pédocriminels pendant trente ans". Depuis, les Insoumis réclament la démission du Premier ministre. L’audition a donc vite tourné au face-à-face entre les deux hommes. Un duel tendu, âpre.

François Bayrou a dénoncé à de multiples reprises de "grossières méthodes malhonnêtes", pour "déformer la réalité". Paul Vannier, pointilleux, implacable, répliquait en reformulant et en commentant les propos du chef du gouvernement pour le mettre en contradiction. Et repartir inlassablement à l’assaut. Avec un souci du détail frôlant parfois l’obsession : François Bayrou a-t-il discuté il y a 28 ans avec son voisin et ami le juge Mirande sur un chemin, ou à son domicile ? La gifle qu’il avait infligée à un gamin qui lui faisait les poches durant la campagne de 2002 n’est-elle pas révélatrice de ses méthodes éducatives ? Le tout, au risque de transformer la commission d’enquête en tribunal.

Un échange centré sur le Premier ministre

Au final, cette audition a peut-être été utile pour François Bayrou. Il était temps qu’il s’explique enfin au fond sur cette affaire. Même si des questions demeurent et que les oppositions ne désarmeront pas. Pour le Parlement, sans doute. Les députés interrogent, le Premier ministre rend des comptes : cet exercice de transparence démocratique est salutaire.

Pour les centaines de victimes de Notre-Dame-de-Bétharram et d’ailleurs, c’est moins sûr. Ces cinq heures et demie d’échanges ont tourné quasi-exclusivement sur le niveau de connaissance de François Bayrou et il n’a guère été question "des modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires", l’intitulé précis des travaux de cette commission.

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