Édito
Réforme des retraites : la semaine où Emmanuel Macron s’est résolu à rendre les armes

Son bilan et sa réforme des retraites liquidés, le président assiste désormais en spectateur à la vie politique.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, le 18 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Emmanuel Macron, le 18 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron tenait à sa réforme des retraites et il y tient toujours parce qu’elle est, selon lui, "bonne pour le pays". Mais c’était ça ou le chaos. Le chef de l’État n’avait plus le choix. Il lui en a coûté, ce ne fut pas de gaieté de cœur. "Les faits sont têtus, souligne-t-on à l’Élysée, le réel est toujours là". Il rattrapera son successeur en 2027 qui devra réformer le système de retraites pour des raisons démographiques et économiques, mais lui n’a plus de prise aujourd’hui sur ce "réel".

Le chef de l’État reconnaît qu’il n’a pas réussi à convaincre les Français – il a mis le temps et il s’est donc résolu à se ranger aux arguments du Premier ministre pour consentir un "décalage" de la seule vraie réforme de son second mandat.

Un constat d’impuissance ?

Oui, le président "ne pilote plus", dit-on dans son entourage, mais il "ne veut pas non plus bloquer" le fonctionnement des institutions. Emmanuel Macron prétend donc en revenir à la lettre de la Constitution, et à la mise en œuvre de son article 20, selon lequel c’est "le gouvernement" qui "détermine et conduit la politique de la Nation". À ses yeux, ce n’est pas une cohabitation, car Sébastien Lecornu ne tire pas sa légitimité d’une autre majorité. Le Premier ministre ne lui force pas la main, Emmanuel Macron est consentant, sur les retraites, comme sur le reste, mais il n’est plus responsable, en tout cas plus décisionnaire. Il a, de fait, perdu le pouvoir au profit du gouvernement et du Parlement. Dans cette situation institutionnelle inédite, faute de majorité, il exhorte les forces politiques qui refusent la dissolution à dialoguer. Il veut les inciter au compromis.

Au fond, Emmanuel Macron cherche à inventer une façon de "présider autrement" pour reprendre le slogan de campagne qui n’avait guère porté chance à Lionel Jospin, le 21 avril 2002. Avec une mission en tête : garantir la stabilité de nos institutions. Car selon le chef de l’État, ce sont le RN et les Insoumis qui les menacent. Ils veulent "le désordre", le chaos politique. Mais aussi ceux qui, dans son camp, le lâchent, Gabriel Attal, et plus encore Édouard Philippe qui a de nouveau réclamé jeudi soir, sur France 2, une présidentielle anticipée.

Une position "irresponsable" digne de Jean-Luc Mélenchon, qui "affaiblit les institutions" et "menace la démocratie représentative", selon l’entourage du président. Emmanuel Macron ne décolère pas contre "l’inélégance" et le "manque de courage" de son ex-Premier ministre, qui n’a pas osé le lui dire en face, lors de leur entrevue vendredi dernier. Édouard Philippe juge, lui, qu'il ne " lui doit rien, c'est lui qui est venu me chercher".  À l’Élysée, on rappelle volontiers qu'il n’était somme toute que maire du Havre et chroniqueur à Libération le temps de la campagne de 2017, quand Emmanuel Macron l’a propulsé à Matignon.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.