Édito
Sommet sur l'océan à Nice : l'occasion pour Emmanuel Macron de contrebalancer le détricotage de son bilan environnemental

Le président de la République profite du sommet sur les océans à Nice pour réaffirmer son leadership international. Ce regain d'activité internationale contraste avec son affaiblissement sur la scène intérieure, où ses engagements écologiques s'effritent les uns après les autres.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), à Nice, le 9 juin 2025. (LAURENT CIPRIANI / POOL)
Emmanuel Macron lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), à Nice, le 9 juin 2025. (LAURENT CIPRIANI / POOL)

Dès l’ouverture, lundi 9 juin, à Nice du sommet consacré aux océans, Emmanuel Macron  s’est montré particulièrement offensif. Un raout planétaire placé sous l’égide de l’ONU, un enjeu capital, la protection de la biodiversité marine, et un rôle d’hôte qui lui offre une nouvelle opportunité d’exercer un leadership international pendant quelques jours, le chef de l’Etat est dans son élément. Loin de la grisaille de la politique intérieure où il a perdu les manettes du pouvoir. Depuis l’échec de la dissolution il y a un an, Emmanuel Macron retrouve de l’oxygène, et de l’énergie, sur les enjeux internationaux. Plus encore depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. 

Lundi, en exhortant la communauté internationale à "la mobilisation" pour des océans "en ébullition", il n’a pas raté l’occasion de cibler directement les États-Unis et Donald Trump absents de ce sommet en lançant : "Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre". Une envolée qui rappelait le fameux "Make our planet great again !" qu’il avait lancé fin 2017 à Donald Trump quand le président américain avait décidé de sortir de l'accord de Paris sur le climat.

Les sujets régaliens au premier plan  

Cette fois, Emmanuel Macron a fait la promotion d’un autre accord. Le traité sur la haute mer visant à protéger les zones maritimes qui ne relèvent pas de juridictions nationales. Il a assuré qu’il entrerait bientôt en vigueur grâce au lobbying de la France. Le chef de l’État s’est aussi félicité d’avoir "remobilisé" des financements pour des missions d’exploration de fonds marins, et d’avoir enclenché d’autres "avancées" en matière de "décarbonation du transport maritime". Bref un soupçon d’autosatisfaction. Et une grand-messe sur les océans bienvenue pour compenser le détricotage en cours de son bilan environnemental. Car en quelques semaines, Emmanuel Macron a assisté, impuissant, à la réintroduction pour certaines filières agricoles d’un pesticide interdit depuis 2018, à la suppression par l’Assemblée des zones à faibles émissions (ZFE), ou encore à la suspension par le gouvernement du dispositif MaPrim’Renov.

L’urgence électorale est ailleurs, sur les sujets régaliens, sécurité, immigration, avec Bruno Retailleau en porte-voix. Résultat, les acquis de la convention citoyenne pour le climat se dissipent peu à peu. Et l’engagement pris à Marseille dans l’entre deux-tours de 2022 semble bien loin. Emmanuel Macron lançait alors : "Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas !". Il faut reconnaître qu’avec la dissolution, ce quinquennat n’est pas, enfin, vraiment pas beaucoup.

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