Édito
Tripartisme, gouvernement bloqué et menacé à la rentrée... Un retour de la IVe République ?

Comme beaucoup de Français, les 577 députés sont en vacances. Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, ils ont vécu une année parlementaire unique dans l’histoire de la Ve République, particulièrement instable.

Article rédigé par franceinfo - François Beaudonnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2025. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)
Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2025. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

L'année parlementaire qui s'est achevée cet été restera dans les annales parce que, pour la première fois depuis 1962, l’Assemblée nationale a fait chuter un gouvernement après moins de 100 jours - le gouvernement de Michel Barnier - et que, pour la première fois également, le gouvernement qui lui succède, celui de François Bayrou, est, lui aussi, sous la menace d’une motion de censure qui pourrait le renverser dès cet automne.

Ainsi, sous la 17e législature de la Ve République, l’instabilité est de retour au palais Bourbon, et c’est nouveau. En 1958, quand le général de Gaulle et Michel Debré conçoivent la Ve République, c’est justement pour reléguer aux oubliettes de l’Histoire ce "régime de malheur" qu’était la IVe, selon le général de Gaulle. Dans ce régime instable par excellence, le président du Conseil, l'équivalent du Premier ministre, changeait en moyenne deux fois par an.

La question se pose donc de savoir si on assiste à un retour de la IVe République. Si vous allez au palais Bourbon, vous allez peut-être ressentir la présence des fantômes d’Edgar Faure, d’Antoine Pinay ou encore de Guy Mollet, parce qu’aujourd’hui, comme dans les années 1950, l'hémicycle se retrouve morcelé en trois grands groupes politiques de taille équivalente. C'était justement ce tripartisme qui caractérisait la IVe République : trois blocs, dont deux qui paralysent toute l’activité parlementaire.

Il y a aussi des différences entre la IVe et la Ve, notamment l’article 49.3 qui redonne du pouvoir au gouvernement, ainsi qu'un président élu au suffrage universel, ce qui fait qu’Emmanuel Macron est beaucoup plus fort sur le plan institutionnel qu’un Vincent Auriol ou qu’un René Coty.

L'échec du système des coalitions à l'européenne

Mais pourquoi l’Assemblée nationale française n’est-elle pas capable de fonctionner avec des coalitions, comme le font pourtant la quasi-totalité des autres parlements en Europe ? Pour deux raisons : d’abord parce que le régime de coalition est contraire à l’ADN politique de la France. Et on peut aussi s’interroger sur la baisse de la qualité des débats parlementaires.

On pouvait espérer que nos députés allaient s’inspirer de la culture du compromis qui prévaut chez nos voisins allemands, belges, britanniques et peut-être surtout au Parlement européen à Strasbourg et à Bruxelles. Cela n'a pas été le cas. Sur ce plan-là, nos parlementaires ne peuvent que progresser.

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