Édito
Vote de confiance : Nicolas Sarkozy charge l'exécutif et adoube le RN

L'ancien président de la République, dans une interview, mardi, au "Figaro", étrille Emmanuel Macron, François Bayrou et appelle à une dissolution de l'Assemblée nationale, tout en légitimant Marine Le Pen. Il souhaite qu'elle puisse être candidate à la présidentielle.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ancien président français Nicolas Sarkozy assiste à une cérémonie en hommage à la  policière Aurélie Fouquet, tuée lors d'une tentative de braquage  en 2010, à Villiers-sur-Marne, en banlieue parisienne, le 20 mai 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy assiste à une cérémonie en hommage à la policière Aurélie Fouquet, tuée lors d'une tentative de braquage en 2010, à Villiers-sur-Marne, en banlieue parisienne, le 20 mai 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Nicolas Sarkozy sort du silence dans une interview au Figaro, mardi 2 septembre, et ne ménage pas ses critiques contre l’exécutif.  Au bowling, on appelle ça un strike ! Emmanuel Macron, François Bayrou, et même, par ricochet, Bruno Retailleau, il sort la sulfateuse pour disperser l’exécutif façon puzzle aux quatre coins de Paris. 

Le chef de l’État est, pour Nicolas Sarkozy, un inconséquent, coupable de toujours chercher à "gagner du temps" et de sombrer dans la complexité à force de vouloir "faire entrer le pied droit dans une chaussure gauche". Son Premier ministre choisit le "suicide politique" faute de "sang-froid" et de "rationalité". Et, tout en soutenant le ministre de l’Intérieur et patron de LR, il exhorte la droite à refuser de voter la confiance à François Bayrou : pas de quartier, c’est un vrai chamboule-tout ! Nicolas Sarkozy appelle surtout à une nouvelle dissolution, "seule clarification possible", soit précisément ce que ne veut pas Emmanuel Macron.

La dernière dissolution qualifiée de "bombe à fragmentation"

Si la charge est aussi virulente, c'est aussi parce que, pour l’ancien président de la République, la vengeance est un plat qui se mange à toutes les sauces et à toutes les températures. Parfois tiède : depuis la dernière présidentielle, il reproche à Emmanuel Macron de faire exactement le contraire de ce qu’il lui conseille, en écartant une coalition avec la droite en 2022, en refusant de nommer Catherine Vautrin à Matignon à la même époque, ou en procédant à la "désastreuse dissolution de l’année dernière", "une bombe à fragmentation", dit-il. Sa vengeance peut aussi être froide, voire glaciale : il reproche encore à François Bayrou d’avoir voté Ségolène Royal il y a… 18 ans, puis François Hollande en 2012. Une seule personnalité sort indemne de ce jeu de massacres : Marine Le Pen.

Nicolas Sarkozy souhaite qu’elle puisse être candidate à la présidentielle. Après avoir reçu Jordan Bardella début juillet, l’ex-chef de l’État adoube le RN comme un parti comme un autre. Il ne redoute pas sa victoire aux législatives et semble presque l’annoncer. En fait, il connaît si bien la droite qu’il se fait porte-parole de ce qui la travaille en son sein. Il en est à la fois la mauvaise conscience et le baromètre. Nicolas Sarkozy tourne donc la page du macronisme et esquisse implicitement, par petites touches, un nouvel âge politique. Celui d’un rapprochement entre droite et extrême droite, déjà jumelles sur les sujets régaliens — sécurité, immigration, identité — et demain sœurs sur les questions économiques et sociales. Une sorte de "melonisation" des esprits, déjà à l’œuvre en Italie, et à l’offensive dans de nombreuses démocraties européennes.

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