"L'exploration Tara : en route vers le Grand Nord" (3/6) : le premier voyage

Le 10 avril 2025, après plus de 18 mois de travaux intenses, la Tara polar station a largué les amarres du port de Cherbourg pour son tout premier voyage. Ce départ est vu comme un "aboutissement" et la "finalité" de la phase de construction. Sur le quai, de nombreux salariés des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) étaient présents, fiers d'avoir travaillé sur ce projet.

Dans ce troisième épisode du podcast, nous montons à bord du bateau pour sa première navigation, et mettons le cap sur Lorient, son port d'attache, où nous allons rejoindre la goélette de la Fondation Tara Océan pour le baptême officiel. À bord, une équipe de 15 personnes, dont le capitaine Martin Hertau et la journaliste Anne Le Gall, ont commencé à découvrir les caractéristiques et le comportement en mer de ce bateau neuf. La station s'avère être très stable, cependant, ses mouvements impliquent qu'il faudra "bien étudier les fenêtres météo", fait remarquer l'équipage, qui a également dû s'habituer aux nouveaux systèmes d'automatismes et aux alarmes à bord.

Vie en communauté, science et autonomie à bord

L'intérieur de la Tara polar station, toujours en cours d'aménagement, comprend une vaste timonerie au pont supérieur, caractérisée par une ambiance "feutrée" avec du bois clair et des équipements de navigation ultramodernes. À l'étage inférieur, on trouve les sanitaires, la buanderie, des laboratoires pour les scientifiques, et 12 cabines (simples ou doubles), dotées de cloisons blanches, de bois clair et de "puits de lumière" pour compenser l'absence de hublots. La zone de vie principale, un salon/salle à manger, est conçue pour être chaleureuse "comme un chalet suisse", un élément essentiel pour la convivialité des équipages. La préparation des repas, sous la responsabilité de la marin-cuisinière Carole Pire, représente un défi logistique pour des missions de 9 à 18 mois, avec seulement 15 m³ de chambre froide pour stocker les huit tonnes de nourriture. Cela nécessite l'utilisation de produits séchés, la fabrication de pain et de yaourts à bord, et l'emploi de substituts innovants comme des œufs en poudre végan.

En termes d'autonomie et de respect de l'environnement, la Tara polar station est dotée de systèmes avancés. L'eau douce est produite à bord par dessalement de l'eau de mer. Pour son énergie, le navire utilise 100 tonnes de carburant HBO (huile végétale hydrogénée), qui réduit de 90 % les émissions de carbone et de 30 % les particules par rapport au gazole traditionnel. Des panneaux solaires fournissent de l'énergie en continu durant l'été polaire (quatre à cinq mois de jour permanent), complétés par une éolienne d'un kilowatt. Pendant la nuit polaire, le bateau fonctionnera exclusivement grâce à son carburant HBO et l'éolienne. Une fois pris dans les glaces, avec le moteur éteint, le navire pourra vivre en autonomie complète pendant 500 jours, en limitant drastiquement ses émissions polluantes afin de ne pas perturber les mesures scientifiques.

Alors que la nuit est tombée et que le navire croise au large des côtes nord de la Bretagne, l'équipage admire une pleine lune éclatante se reflétant sur la mer. L'arrivée à Lorient, prévue dans moins de deux jours, marquera "le début d'une autre aventure" pour l'équipage, axée sur l'entraînement à la vie en milieu extrême. La Tara polar station est désormais prête à affronter les défis du Grand Nord, et les prochains épisodes nous feront découvrir la vie dans ces conditions uniques.

"L'exploration Tara : en route vers le Grand Nord", Un podcast de six épisodes en immersion à bord de la Tara polar station avec les journalistes de franceinfo Olivier Emond, Anne Le Gall et Boris Hallier, en partenariat avec la Fondation Tara Océan. À retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

Production : Olivier Emond, Boris Hallier et Anne Le Gall | Réalisation : Marie Plaçais | Coordination : Pauline Pennanec’h | Prise de son : Hélène Langlois, Johanna Gabric, Julien Girard, Marc Garvennes, Corentin Bailly et Benjamin Reyes | Mixage : Raphaël Rasson