Cloud français : "Nos propres data centers sont capables de répondre aux besoins des entreprises européennes" maintient le directeur de OVHcloud
Le cloud héberge nos données telles que nos photos ou nos fichiers. L'entreprise française OVHcloud essaye de détrôner les puissances américaines.
Le cloud, "nuage numérique", sur lequel nous stockons nos données personnelles telles que nos fichiers ou nos photos, séduit maintenant les grandes entreprises qui n'hésitent plus à lui confier leurs données.
Benjamin Revcolevschi est directeur général d’OVHcloud, entreprise française du cloud, possédant 43 data centers (centres de données) en tout dans le monde dont plus de la moitié en Europe, il livre un état des lieux du cloud en France.
Franceinfo : Vous avez annoncé mercredi 21 mai ouvrir un data center en Italie. Ouvrir des data centers dans tout l'Europe permettrait-il de concurrencer les géants américains ?
Benjamin Revcolevschi : Le cloud, c'est être capable de fournir toute la puissance de calcul, le stockage des données que les entreprises utilisent au quotidien, que nous utilisons au quotidien. On est aujourd'hui le champion européen du cloud et pour nous, planter le drapeau aujourd'hui en Italie, c'est une étape majeure dans notre emprise en Europe.
Le marché est dominé par les Américains avec Amazon, Google, Microsoft et ils captent jusqu'à 80% du marché en Europe, selon la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique en France, Clara Chappaz. Diriez-vous aujourd'hui que vous êtes loin derrière ?
L'important est que, aujourd'hui, il y a un réveil de l'Europe via cette prise de conscience. Effectivement, 80% de la dépendance des logiciels et du cloud part vers les Américains. Les entreprises réalisent qu'elles ont besoin de robustesse, de résilience dans ce nouveau monde dans lequel on vit et que leurs données ont besoin d'acteurs souverains qui les protègent contre les lois extraterritoriales et qui leur apportent toutes les garanties de cybersécurité. Les acteurs comme nous, industriels qui maîtrisons toute la chaîne, qui définissons nos serveurs, qui les assemblons dans nos usines, qui opérons nos propres data centers, nous sommes capables de répondre aux besoins des entreprises européennes.
Si une entreprise stocke ses données chez OVHcloud, les lois extraterritoriales aux États-Unis ne s'appliquent pas, donc elles ne peuvent pas être aspirées par les Américains ?
Tout à fait, c'est pour cela que les clients aujourd'hui choisissent nos infrastructures afin d'héberger leurs applications sensibles dans nos data centers. On a un acteur des médias, TF1, qui a choisi de basculer sa plateforme de vidéos à la demande sur le cloud d'OVHcloud, comme des clients allemands, comme des clients luxembourgeois, espagnols.
La guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde a-t-elle changé la donne ? Les entreprises aujourd'hui sont-elles vraiment sensibilisées ?
Cela fait 25 ans qu'on est là, on est né en France et aujourd'hui, finalement, l'histoire nous donne raison, 20 ans après. Il y a ce besoin. J'étais encore à Choose France, il y a quelques jours avec 200 patrons du monde entier, il n'y a pas d'intelligence artificielle sans cloud, il n'y a pas de cloud sans des data centers où on maîtrise la donnée. C'est ce que nous faisons depuis 25 ans chez OVHcloud.
Lors du sommet Choose France, des investissements étrangers, notamment américains, à hauteur de 26 milliards d'euros, ont été annoncés concernant des data centers en France. Etes-vous agacé que la France déroule le tapis rouge aux hébergeurs américains ?
Je pense que c'est la preuve qu'il y a des besoins autour de ces infrastructures.
Aujourd'hui, les data centers sont sous les feux de la rampe. On en a besoin.
Benjamin Revcolevschisur franceinfo
Depuis 2021, on a investi un milliard d'euros dans nos infrastructures, dans nos produits, pour être au rendez-vous, répondre aux besoins des clients et être capable de fournir des services critiques qui rassurent et qui solidifient les services de nos clients.
De nouveaux clients d'entreprises françaises qui étaient des grandes entreprises américaines viennent-ils, aujourd'hui, chez OVHcloud ?
Il y a un mouvement et beaucoup plus de sollicitations, c'est vrai, et on le voit en France, on le voit en Allemagne et on le voit aussi au Canada, où on est très présents. Il y a ce besoin nouveau de sécurité d'avoir un nouveau plan A pour les entreprises, pour les administrations qui peuvent à ce moment-là héberger toutes leurs applications et leurs données dans le cloud d'un champion européen.
Quel est le rôle des acteurs publics dans la mise en place de cette souveraineté numérique ?
Il y a certes, une préférence nationale, mais il y a besoin d'une accélération. La commande publique européenne, c'est 2 000 milliards d'euros aujourd'hui dans 250 000 agences.
C'est important qu'il y ait un passage à l'action d'une préférence européenne.
Benjamin Revcolevschisur franceinfo
Ce n'est pas la subvention dont nous avons besoin, c'est la commande. C'est elle qui fait développer les entreprises et je vois aujourd'hui qu'il se passe quelque chose. La géopolitique est entrée dans les comités exécutifs des entreprises. Les dirigeants cherchent à comprendre comment ils peuvent gagner en robustesse, en résilience, pour leur business, pour leur entreprise. Et c'est là qu'ils recherchent des clouds européens réellement souverains, comme on est capable de le faire.
Mais ce n'était pas le cas jusqu'à présent, les entreprises pouvaient mettre leurs données, parfois sensibles, chez les acteurs étrangers, notamment chez les américains ?
Le but n'est pas de sortir les acteurs américains quand vous êtes à 80% aujourd'hui de présence en Europe. Le but, c'est que les acteurs, les entreprises et les administrations comprennent qu'il faut aussi faire rentrer les acteurs européens. Il faut aussi solidifier et créer une souveraineté technologique de l'Europe, une souveraineté de la donnée. Et c'est la maîtrise finalement de nos infrastructures et de nos technologies qu'on apporte.
Que signifie le label SecNumCloud, que vous avez obtenu ?
Le label SecNumCloud, c'est l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) de l'État français qui la porte. C'est l'une des normes les plus exigeantes, avec 360 points de contrôle et des milliers de critères qui garantissent que les données sont protégées de manière extrêmement sécurisée. On a obtenu ce label il y a trois ans et on vient d'obtenir un nouveau label SecNumCloud pour nos nouvelles offres de cloud qui vont servir tout notre cloud public chez OVHcloud. C'est une fierté pour les équipes d'obtenir ces labels, il y en a très peu. Je pense qu'on est le leader aujourd'hui sur ce marché, on a lancé ça très tôt. Par exemple, on a trois data centers en France et ce label est la garantie d'apporter les conditions les plus élevées de sécurité pour les données les clients.
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