Europe : "On a évité la récession, l'inflation est en train de baisser et le marché du travail est en bonne forme", selon un membre de la Commission européenne
Paolo Gentiloni, le commissaire européen aux affaires économiques est l'invité éco de franceinfo mardi.
Prévues du 6 au 9 juin prochains, les élections européennes déboucheront sur un renouvellement de plusieurs présidences des institutions de l’Union européenne, dont celle de la Commission, actuellement dirigée par Ursula Von der Leyen depuis cinq ans.
Paolo Gentiloni, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, membre du Parti démocrate (PD) italien, président du Conseil des ministres italien (2016-2018), a rendez-vous, mardi 19 mars dans la soirée, à Matignon avec le Premier ministre Gabriel Attal.
franceinfo : Qu'allez-vous dire à Gabriel Attal ? Que pensez-vous de la situation économique de la France ?
Paolo Gentiloni : c'est la première fois que je rencontre Gabriel Attal. La France est, dans la nouvelle géographie de la croissance qu'on a maintenant en Europe, un des pays qui a le mieux répondu à la crise de la guerre en Ukraine, à la crise énergétique, à l'inflation. Ça ne veut pas dire qu’on a une croissance splendide, mais nous, à Bruxelles, on fait des comparaisons et on voit que la crise affecte particulièrement les pays nordiques, les pays du centre-est de l'Europe et beaucoup moins des pays comme la France, qui a une croissance toujours positive.
Les prévisions de croissance sont à 1%, et c'est encore un peu optimiste… Mais vous n'êtes pas inquiet ?
Non. Ce n'est pas idéal, mais on a eu onze pays en 2023 qui ont eu une croissance négative, sur 27. La France n'est pas dans ce groupe. Parce que les raisons de la crise sont beaucoup liées au modèle énergétique et au modèle d'exportation qui naturellement est très sérieusement en train d'affecter des économies qui ont des grandes exportations vers la Chine et qui ont des modèles énergétiques qui étaient très liés au gaz bon marché, qui venaient de la Russie. Alors, c'est toute l'économie européenne qui est maintenant faible. Mais nous sommes plutôt optimistes pour la deuxième partie de l'année. La faiblesse française est moins grave que celle d'autres pays.
Vous avez commencé à parler de l'Allemagne qui sort très doucement de sa récession et qui est le moteur économique de l'Europe. Dans quel état l'Europe est-elle à moins de trois mois des élections européennes ?
Si on regarde d'un côté plutôt optimiste, on peut dire qu'on a évité la récession. On a su découpler du gaz russe très rapidement, en quelques mois, l'inflation est en train de baisser au niveau européen et le marché du travail est en bonne forme dans tous les pays européens. Si on regarde le moins positif, on sait qu'en 2023, on a eu une croissance très faible et nous commençons 2024 encore avec une croissance faible. Nous estimons que dans la deuxième partie de l'année, on aura une reprise de la consommation et une activité économique plus forte, et encore plus forte l'année prochaine. Mais il faut reconnaître qu'il y a trois choses fondamentales dans notre économie qui est sous pression : le gaz bon marché, les exportations vers la Chine et la sécurité garantie par les États-Unis. Ces trois choses sont en discussion et nous devons relever ces défis.
Si vous aviez une seule initiative économique à retenir de ces cinq ans de mandat, ce serait laquelle ? Les achats groupés de vaccins, le plan de relance, le financement de la transition écologique ou l'aide financière à l'Ukraine ?
Je dirais le plan de relance pour la transition écologique. Ça restera. C'est la première fois dans l'histoire de l'Union européenne qu'on fait une dette commune. À mon avis, ce plan va se terminer en 2026, mais la méthode qu'on a utilisée pourra être utilisée à nouveau pour financer des objectifs communs. Et jusque-là, c'est vraiment historique.
L'orientation, c'est de renouveler ce qui se termine en 2026, mais pas avec le même programme. Je ne dis pas qu'il faut prendre le plan de relance et le prolonger jusqu'à 2030. Je dis qu'on a une méthode. Maintenant, nous nous finançons dans les marchés financiers pour 100, 120 milliards d'euros tous les ans. Et on peut faire ça pour des objectifs communs.
Quels types d'objectifs ?
Premièrement, la transition écologique qui est numéro un. Deuxièmement, l'innovation numérique. Troisièmement, notre défense, et en quatrième lieu, ce qu'on appelle l'inclusion sociale. En d'autres termes, la crise du Covid nous a montré aussi que le modèle européen, qui est un modèle de service public gratuit, doit être maintenu et financé.
Quel message adressez-vous aux citoyens pour les prochaines élections européennes ?
Je pense que tout le monde a compris l'importance de l'Union européenne. Il y a 5 ou 8 ans, il y avait beaucoup de positions politiques et culturelles qui disaient : "On veut sortir de l'Union européenne, on veut abandonner la monnaie unique". Ce n'est plus le cas. L'achat en commun des vaccins, le plan de relance, la question de l'Ukraine, toutes ces questions ont besoin d'une Europe plus forte. La question maintenant n'est plus de savoir si on doit sortir ou pas, mais comment doit-on s'organiser ?
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