TER et SNCF Réseau : "Nous allons reprendre la procédure de manière à avoir des péages qui satisfassent aux demandes du Conseil d'État", assure le PDG Matthieu Chabanel
Alors que la SNCF a besoin de ressources pour son équilibre financier et assurer les grands chantiers qui attendent, le Conseil d'État vient de donner raison à huit régions qui se plaignent de la hausse des péages pour les TER.
Chaque année, les régions doivent entretenir les TER (trains express régionaux) et payer SNCF Réseau pour les faire rouler. Avec la hausse annoncée des péages ferroviaires pour 2024, 2025 et 2026, huit régions se sont insurgés et ont déposé des recours pour contester de tels tarifs. Selon elles, ces frais menacent la survie de ce tissu de proximité et, mardi 5 mars, le Conseil d'État vient de leur donner raison. Celui-ci n'a pas validé les nouveaux tarifs de 2024, augmentés de 8% en moyenne, et renvoyé la SNCF au 1er octobre pour revoir sa copie. Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau, vient nous en parler.
franceinfo : Avant de parler des chantiers qui attendent le réseau ferroviaire, il y a une question d'actualité immédiate, celle du procès qui se tient en ce moment. Celui du déraillement d'une rame d'essai du TGV Est à Eckwersheim, c'était le 14 novembre 2015. Il y a eu 11 morts, 42 blessés. SNCF Réseau fait partie des prévenus. À la barre, Guillaume Pepy, l'ancien patron de la SNCF, a dit que "l'accident était impensable, mais le fait qu'il soit survenu signifie forcément que des erreurs ont pu être commises". Partagez-vous son avis ?
Matthieu Chabanel : D'abord, face à ce drame qui a marqué tous les cheminots, mes pensées vont vers les familles, les victimes, leurs proches. Ensuite, le procès s'est ouvert. Vous comprendrez bien que c'est maintenant le temps de la justice. SNCF Réseau répondra devant le tribunal à l'ensemble des questions qui lui seront posées, pour s'efforcer de participer à la manifestation de la vérité.
Y avait-il des choses qui n'allaient pas dans les règles en matière d'essai ? Des oublis, des manquements ?
Ce sujet-là, c'est vraiment un sujet qui se traitera devant le tribunal.
Mardi soir, le Conseil d'État a donné raison à huit régions qui contestaient l'augmentation de la redevance versée pour la circulation des trains régionaux. Il dit que la procédure de fixation de cette redevance a été irrégulière. Vous avez jusqu'au 1er octobre pour revoir votre copie. Allez-vous revoir à la baisse l'augmentation, qui était de 8% en moyenne ?
Oui, tout à fait. Le Conseil d'État s'est prononcé hier. D'ici le 1er octobre, nos tarifs continuent à s'appliquer, le temps de revoir la procédure de consultation des régions. Donc on va le faire.
"On va échanger avec les régions à nouveau et leur présenter un nouveau dossier sur un projet tarifaire."
Matthieu Chabanelà franceinfo
Ce qui me semble important de dire, c'est que ces péages nous permettent au quotidien de moderniser, d'entretenir le réseau, de faire les travaux qui sont attendus de nous, pour rendre le réseau ferroviaire français le plus fiable et le plus sûr possible.
Mais entendez-vous qu'il y a des régions qui vous disent qu'elles ne peuvent pas, que la somme que vous demandez de régler est trop élevée ?
Il y a une procédure d'adoption des péages qui se fait sous le contrôle d'un régulateur, l'Autorité de régulation des transports, qui s'assure que le niveau de ces péages est supportable. C'est cette procédure qu'on va reprendre, de manière à avoir des péages au 1er octobre, qui satisfassent aux demandes du Conseil d'État.
Etes-vous prêts donc à baisser le montant de l'augmentation de cette redevance ?
Naturellement. Dans le sujet de la procédure, on revalidera une grille. Encore une fois, l'enjeu pour SNCF Réseau, c'est d'avoir les ressources pour moderniser le réseau français.
"Le réseau français est aujourd'hui un réseau plus ancien que beaucoup d'autres réseaux européens."
Matthieu Chabanelà franceinfo
Il a des performances qui restent dans la bonne moyenne européenne, mais on est persuadés qu'elles peuvent encore s'améliorer.
Elisabeth Borne, quand elle était Première ministre, avait annoncé un plan d'investissement pour le ferroviaire de 100 milliards d'euros d'ici 2040. Vous, concrètement, en 2024 et en 2025, combien allez-vous investir ?
En 2024, SNCF Réseau va investir 5,5 milliards d'euros, dont la majeure partie - 3,2 milliards d'euros - sera consacrée au renouvellement et la modernisation du réseau qui existe déjà. 3,2 milliards d'euros, c'est 300 millions d'euros de plus que l'année dernière. Et ce sera 400 millions d'euros de plus en 2025, nous sommes en marche vers la modernisation du réseau.
Un chantier de modernisation a-t-il un impact pour l'économie régionale ? Y a-t-il des emplois à la clé ?
Lors des chantiers d'investissement de la SNCF Réseau, quand on investit 100 euros, c'est 80 euros qu'on achète à toute une filière industrielle. Des entreprises qui fournissent des traverses, des entreprises qui fournissent des rails. Et ces entreprises, elles sont localisées à 97% en France.
"Lors du renouvellement de notre réseau, il y a tout un tissu économique qui est alimenté par la filière ferroviaire."
Matthieu Chabanelà franceinfo
Quand on renouvelle un kilomètre de voies chaque nuit, c'est entre 400 et 500 personnes qui viennent travailler pendant plusieurs mois sur un territoire, qui y consomment, qui s'y logent, qui s'y nourrissent. Et donc c'est toute une activité économique indirecte aussi qui est générée par ces travaux ferroviaires.
Que dites-vous aux usagers qui, parfois, peuvent trouver le prix du billet élevé, avec un réseau qui n'est pas toujours en état ?
J'ai envie de leur dire qu'il y a 50 000 cheminots à SNCF Réseau, qui travaillent chaque jour à moderniser, à entretenir ce réseau, à faire en sorte que les voyages se passent le mieux possible. Il y a parfois des incidents. On en est les premiers désolés, mais on s'efforce au quotidien d'améliorer la performance du réseau, pour que chacun puisse prendre le train. Et notre grande satisfaction, c'est quand même qu'il y a de plus en plus de Français qui prennent le train. On le voit chaque jour, les trains sont pleins, que ce soient les trains régionaux ou les trains longue distance. Et ça, c'est une grande satisfaction parce qu'on est convaincus que le train, à la fois pour la société et pour la planète, c'est un mode de transport particulièrement efficace.
Retrouvez cette interview en vidéo :
À regarder
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
-
Églises cambriolées : que deviennent les objets volés ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter