"Un simple accident" : "Quand Jafar Panahi a reçu la Palme d'or à Cannes, j'ai crié de tout mon être, c'était une joie absolue", confie l'actrice Mina Kavani

A l'occasion de la sortie en salles du film "Un simple accident", de Jafar Panahi, franceinfo reçoit Mina Kavani. L'actrice iranienne, réfugiée politique en France, connaît très bien le réalisateur, lauréat de la dernière Palme d'or à Cannes.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une photographie du film "Un simple accident" du réalisateur Jaffar Panahi à gauche, et à droite l'actrice Mina Kavani. (PHOTOS : JAFAR PANAHI/EMMA BIRSKI)
Une photographie du film "Un simple accident" du réalisateur Jaffar Panahi à gauche, et à droite l'actrice Mina Kavani. (PHOTOS : JAFAR PANAHI/EMMA BIRSKI)

Quand Jafar Panahi a obtenu un prix à la Mostra de Venise pour Aucun Ours, il n'avait pas le droit de sortir d'Iran. C'est l'actrice du film, Mina Kavani, qui a reçu pour lui cette récompense. "C'était pour moi, dit-elle, une joie, mais c'était aussi un moment très douloureux". Alors quand elle l'a vu à Cannes recevoir la Palme d'or cette année pour Un simple accident, elle était "profondément bouleversée", confie l'actrice à franceinfo, dimanche 28 septembre. "Qu'un réalisateur iranien puisse simplement sortir du pays, prendre l'avion, ne pas être emprisonné, et récupérer son prix, c'était une joie absolue".

Le film poursuit aujourd'hui son chemin et sort en salles mercredi 1er octobre en France. Il représentera par ailleurs le cinéma français dans la course aux Oscars : "Symboliquement, c'est très très fort, j'ai l'impression que la France nous adopte, nous les artistes iraniens". Mina Kavani, qui a la nationalité française, s'est exilé après avoir tourné un film brisant les tabous autour de la sexualité et de la représentation du corps en Iran. Elle a joué l'an dernier dans Lire Lolita à Téhéran et elle sera l'an prochain au théâtre des Bouffes du Nord pour son deuxième spectacle seul en scène. Sur franceinfo, elle dit savourer cette liberté, mais avoir en tête toutes celles et ceux qui en Iran ne peuvent pas sortir du pays, qu'ils soient prisonniers ou privés de passeport. "Tout ce qu'on gagne ici, espère-t-elle, c'est un pas pour eux".

Mina Kavani raconte aussi l'admiration qu'elle a pour Jafar Panahi : "Quand on devait tourner à Istanbul, parce que je ne pouvais pas entrer en Iran et que lui ne pouvait pas en sortir, qu'on se parlait par zoom, j'étais prête à exploser de colère. Et lui, il restait calme, il me disait d'être forte, et j'en étais impressionnée". Et quand on lui demande si elle a l'espoir que les films de Jafar Panahi, et ses films et spectacles à elle, puissent être vus bientôt en Iran, elle répond qu'elle "ne veut pas y penser. Qu'elle ne peut s'empêcher de penser que cela n'arrivera pas pour ma génération".

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