Chaque abeille a sa personnalité
Des biologistes allemands viennent d’établir que chaque abeille a un caractère et une personnalité qui lui est propre. Le point sur cette étude avec Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazine Epsiloon.
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Des chercheurs ont testé des abeilles qui jouent le rôle de gardiennes dans les ruches de l’université de Constance, en Allemagne. Ils se sont rendu compte que quand on les exposait à des phéromones d’alerte, certaines abeilles se précipitaient systématiquement pour venir attaquer et piquer le premier intrus venu, quand d’autres restaient très calmes dans leur coin. Placées exactement dans les mêmes conditions, des abeilles de même âge, ayant la même fonction se montrent soient agressives, soit passives. Ce type de comportement individuel persiste dans toutes les expériences : les abeilles ne se laissent pas influencer par le groupe. Elles ont vraiment leur propre personnalité.
Une découverte étonnante
On a tendance à les assimiler à des sortes de clones animés de simples réflexes instinctifs, toujours les mêmes. Mais depuis environ 10 ans, les chercheurs se rendent compte qu’au sein d’une même population, il y a des cafards plus ou moins audacieux, des fourmis et des papillons plus ou moins impulsifs, des scarabées plus ou moins curieux ou hyperactifs, des abeilles et des guêpes plus ou moins sociables. Même les larves affichent une personnalité. Tous ces invertébrés, que l’on pourrait croire interchangeables, ont en fait des sensibilités différentes.
Quel est l'impact sur les écosystèmes ?
Il semble que cette variabilité de comportements chez les animaux ait un vrai impact. Certains individus curieux et ayant le goût de l’aventure auraient tendance à coloniser plus de territoire, et former des populations invasives ; l’audace joue sans doute un rôle aussi dans les comportements de prédation, la compatibilité des caractères au sein d’un couple est aussi un facteur clé pour la reproduction animale. La personnalité de certains individus semble aussi décisive pour leur capacité à vivre en ville, à résister aux pressions humaines et à éviter finalement l’extinction.
On réalise que la biodiversité n’est pas qu’une addition d’espèces, c’est aussi une somme de personnalités différentes. Finalement un peu comme dans une fable de La Fontaine, avec des fourmis travailleuses et des cigales paresseuses.
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