Plus de 200 ans après, des chercheurs découvrent que le volcan Zavaritski est responsable d'un grave dérèglement climatique au XIXe siècle
Le croisement d'études historiques et scientifiques sur des témoignages écrits à l'époque, et l'analyse de carottes glacières au Groenland, auront finalement permis d'isoler le volcan responsable d'un refroidissement très significatif du climat mondial dans les années 1830.
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Près de 200 ans après, des géophysiciens viennent, en ce début d'année 2025, de retrouver le volcan responsable d’une éruption majeure qui a chamboulé le climat mondial au XIXe siècle. Durant l’été 1831, plusieurs savants européens avaient témoigné dans leurs écrits d’un soleil étrangement pâle, émettant parfois une lumière aux reflets violets, verts ou bleus, comme si un nuage de particules reflétait ses rayons. À la suite de ces observations, on avait constaté à l’époque un fort dérèglement de la mousson en Afrique et en Inde, provoquant une terrible famine dans l’État du Madras. Même constat au Japon, où les récoltes ont été très mauvaises, ce qui avait mené à des centaines de milliers de morts.
Tout indique qu’une gigantesque éruption volcanique s’est produite quelque part dans le monde à cette période, bloquant le rayonnement solaire avec son nuage de cendres et d’aérosols. Des traces très nettes dans les carottes de glace du Groenland peuvent d'ailleurs en témoigner. Seulement, aucun témoignage du moindre événement volcanique majeur en 1831 n'a été retrouvé.
Un mystère enfin résolu
Longtemps, les chercheurs ont pointé du doigt une éruption sous-marine au large de la Sicile, qui semble pouvoir expliquer le soleil coloré observé en Europe, mais pas assez puissante pour provoquer un dérèglement climatique. Il aura fallu qu’une équipe de géologues très motivés parvienne à récupérer les échantillons prélevés au début des années 1990 sur les îles Kouriles, un archipel sauvage, quasiment inhabité, et situé au nord du Japon pour résoudre le mystère. La composition de ces fragments correspond en effet parfaitement à celle des résidus retrouvés dans les glaces. Les chercheurs estiment que le dénommé volcan Zavaritski a émis 13 millions de tonnes de particules dans la stratosphère et refroidi la Terre de 0,5 à 1°C pendant plusieurs années à l'époque.
Preuve en est qu’une éruption à fort impact planétaire peut survenir d’endroits très isolés et très peu surveillés par les scientifiques ; ne serait-ce que,parfois, pour des raisons politiques. La Corée du Nord héberge, par exemple, un système volcanique très dangereux. Les volcanologues déplorent par ailleurs que seule une petite poignée de volcans actifs dans le monde soient équipés de capteurs d’alerte, sans parler de tous ceux qui nous paraissent endormis, mais qui ne le sont pas. Certains se désespèrent même que les chutes d'astéroïdes soient bien plus appréhendées que les volcans sur Terre, alors qu’ils affichent une probabilité bien plus élevée de faire dérailler nos civilisations : en témoigne ce petit volcan anonyme, sur un archipel lointain.
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