Une start-up australienne met en vente les premiers ordinateurs fonctionnant avec des cellules humaines

Une start-up australienne a commercialisé un ordinateur fonctionnant avec des cellules humaines, soit un ordinateur vivant. Le billet science, avec Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef au magazine "Epsiloon".

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une équipe australienne dévoile le premier ordinateur fonctionnant avec des cellules organiques. (photo d'illustration). (YUICHIRO CHINO / MOMENT RF / via GETTY)
Une équipe australienne dévoile le premier ordinateur fonctionnant avec des cellules organiques. (photo d'illustration). (YUICHIRO CHINO / MOMENT RF / via GETTY)

La compagnie Cortical Labs a lancé le 3 mars un système hybride vivant-machine, intitulé CL1, qui semble tiré tout droit de la science-fiction. Plusieurs autres laboratoires ou start-ups commencent à sortir ces systèmes où des amas de neurones humains, cultivés à partir de cellules souches, les fameux organoïdes, sont reliés grâce à une myriade de mini-électrodes dernière génération à des composants électroniques.

Le principe est de donner des petites décharges électriques ou d'hormones pour que des cellules cérébrales apprennent et calculent comme un algorithme. Il existe déjà des résultats intrigants, puisque la même équipe australienne avait réussi, en 2022, à faire jouer ces groupes de neurones au célèbre jeu vidéo Pong. D'autres chercheurs les ont entraînés avec succès à la reconnaissance vocale et des scientifiques chinois ont intégré dernièrement ces organoïdes dans un robot. On connaît l'intelligence artificielle, l'IA et désormais, la communauté scientifique commence à parler d'IO, l'intelligence organoïde.

Mieux étudier le fonctionnement de notre cerveau

L'intérêt de cette technologie réside dans le fait que tous les informaticiens sont obnubilés par l'incroyable sobriété du cerveau humain. Il accomplit tous ses exploits avec une puissance modique de seulement 20 watts. Ces intelligences organoïdes seraient donc la promesse d'économie d'énergie, et peut-être aussi de capacités d'apprentissage plus flexibles

Les IO sont encore très loin de détrôner les surpuissants modèles d'intelligence artificielle, mais les promoteurs de cette technologie annoncent que ces dispositifs pourraient aussi permettre de mieux étudier le fonctionnement de notre cerveau. Et, peut-être, de développer des traitements contre les maladies neurodégénératives.

Cette technologie digne de Frankenstein suscite un certain malaise, puisque ces mini-cerveaux humains, intégrés aux ordinateurs, sont de plus en plus complexes. Et tout est fait pour qu'ils apprennent et qu'ils mémorisent des informations sur le long terme. Certains chercheurs se demandent si ces organoïdes pourraient développer à terme une forme de conscience, s'ils pourraient ressentir de la douleur et souffrir en silence au sein de ces machines. Il faut donc se poser la question de savoir s'il faut donner des droits à ces objets étranges.

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