Activité tectonique ou volcanique, l'impressionnante série de séismes sur l'île de Santorin intrigue les scientifiques

L’île grecque des Cyclades, connue pour ses maisons blanches accrochées aux falaises, est frappée depuis dix jours par des secousses sismiques à répétition. Plus de 7 700 tremblements de terre ont été enregistrés par le laboratoire de sismologie d'Athènes en l’espace de dix jours. Tous n’ont pas été ressentis par la population, mais mercredi 5 février et jeudi 6 février, des secousses plus fortes, de magnitude 4 et 5, ont été enregistrées. Celles-là ont pu être perçues.

Il n'y a pas de victime ni de dégât à ce stade, mais cinq zones à risque de glissement de terrain ont été identifiées sur l'île. Les écoles sont fermées, et plus de 11 000 personnes ont déjà quitté Santorin par précaution. La région n'a pas connu une telle activité sismique depuis le début des relevés en 1964. Jeudi, la protection civile grecque a placé l'île en état d’urgence pour faire face à cette situation exceptionnelle.

Plusieurs origines étudiées

À ce stade, les experts ne savent pas si ces secousses sont liées à l’activité tectonique de la région. Santorin se situe sur une zone où la croûte terrestre est en extension, elle s'étire à cet endroit. Ces secousses pourraient aussi être provoquées par une activité volcanique, car l'île repose sur un volcan, qui est entré en éruption pour la dernière fois il y a 75 ans. Il est aussi possible que les deux phénomènes se combinent, ce qui expliquerait le caractère inhabituel de l'enchaînement des secousses, que les experts qualifient "d’essaim" de secousses. Ils ne sont pas face à un gros tremblement de terre suivi de répliques, mais à plusieurs centaines de secousses quotidiennes.

Il n'y a pas forcément de risque d'éruption. Cet "essaim" de secousses pourrait aussi être lié à une chambre magmatique qui change d’état sous terre, sans que ce magma ne remonte forcément à la surface, indique Yann Klinger, sismologue et directeur de recherche à l'Institut de Physique du Globe de Paris.

Le problème, c’est que les scientifiques sont en ce moment un peu "myopes" face à ce phénomène inhabituel, estime-t-il. Ils manquent d'éléments de compréhension. C'est pour cela que des capteurs sismiques supplémentaires sont en train d'être déployés à Santorin et tout autour en mer pour tenter de mesurer la profondeur des séismes et d'étudier la déformation de la croûte terrestre. En attendant, l’état d’urgence est déclaré à Santorin jusqu’au 3 mars.