Mercure dans le thon et risques pour les enfants : huit mairies bannissent ce poisson des cantines

Le thon a temporairement été banni du menu des cantines scolaires par huit mairies, représentant plus de 3,5 millions d'habitants, dont Paris et Lyon, pour "faire cesser l'exposition des enfants au mercure", un métal neurotoxique.

Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Huit mairies, dont Paris et Lyon, retirent le thon en boîte des cantines pour protéger la santé des enfants. (WESTEND61 / WESTEND61)
Huit mairies, dont Paris et Lyon, retirent le thon en boîte des cantines pour protéger la santé des enfants. (WESTEND61 / WESTEND61)

L'alerte remonte à octobre 2024 : les ONG Bloom et Foodwatch dénoncent une contamination généralisée du thon par ce métal toxique pour le système nerveux, en particulier chez le fœtus et pendant la petite enfance. Au total, 148 boîtes de thon ont été testées à travers l'Europe (notamment en France), et du mercure a été retrouvé dans chacune d'entre elles. Parfois à des niveaux au-dessus des normes européennes.

Des seuils légaux très critiqués

Les normes, en réalité, concernent le poisson frais, et pas en boîte, une fois déshydraté. Un tour de passe-passe réglementaire, selon les deux ONG qui dénoncent le seuil fixé à un milligramme de mercure par kilo, ce qui est plus permissif pour le thon et d'autres prédateurs, que pour les plus petits poissons. Ce sont pourtant ces gros poissons qui sont les plus contaminés. Pour Bloom et Foodwatch aucun doute, la norme est fixée par les lobbies de la pêche pour continuer la commercialisation sans se soucier des dangers pour la santé. Si ce métal se retrouve dans le thon, c'est parce qu'il pollue largement nos océans et nos mers. Il peut être présent naturellement, mais il est rejeté surtout par les activités humaines : métallurgie, combustion du charbon, incinération des déchets, fabrication du chlore ou des piles...

D'autres métaux inquiètent

Au-delà du mercure, les métaux lourds sont une préoccupation grandissante de santé publique. L'ensemble de la population française y est exposée, selon une vaste étude de Santé publique France menée il y a une dizaine d'années. Parmi les principales sources de contamination, les poissons et les produits de la mer pour l'arsenic, le chrome, le mercure ou le cadmium. Ce dernier fait beaucoup parler ces dernières semaines, après l'alerte de médecins et d'associations. On le retrouve dans les céréales, le pain, mais aussi le chocolat. Ce métal vient (entre autres) des engrais agricoles.

Limiter les poissons

Face à ces métaux aux effets nocifs très variés (cancérogène, atteintes cardiovasculaires, rénales, osseuses, ou du système nerveux), les autorités sanitaires recommandent de diversifier notre nourriture, et en particulier les poissons ! Ils sont bons pour la santé, mais à limiter, pas plus de deux fois par semaine. Elles viennent aussi de lancer une nouvelle étude pour mieux évaluer l'exposition de la population à ces métaux. Les premiers résultats sont attendus en 2027.

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