"Un bloc de béton au niveau du cou" : la cryothérapie, véritable atout pour traiter les tumeurs desmoïdes

Ce traitement permet de se débarrasser de tumeurs desmoïdes, une maladie bénigne des tissus mous - localement invasive et hautement récidivante, mais non métastatique. Les tumeurs peuvent former des masses douloureuses et très gênantes.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les tumeurs desmoïdes touchent environ 4 000 personnes en France, surtout des jeunes femmes. Photo d'illustration. (SVETLANA REPNITSKAYA / MOMENT RF / GETTY)
Les tumeurs desmoïdes touchent environ 4 000 personnes en France, surtout des jeunes femmes. Photo d'illustration. (SVETLANA REPNITSKAYA / MOMENT RF / GETTY)

Avec 400 nouveaux cas par an, c'est une maladie rare qui touche environ 4 000 personnes en France, surtout des jeunes femmes. La cryothérapie permet d'éliminer, dans les trois quarts des cas. Les tumeurs desmoïdes se manifestent par des grosseurs, des masses souvent douloureuses et invalidantes. Ces malades ont donc accès depuis le mois de juin 2025 à ce traitement innovant, désormais remboursé par la sécurité sociale.

Laura a pu en bénéficier quand elle était adolescente. Cette jeune femme d'apparence tout à fait normale, n'a pas de cicatrices. Pourtant, à 14 ans, une tumeur desmoïde a envahi son cou et sa tête, formant une énorme masse difficile à supporter."Je ne pouvais pas tourner la tête du côté où il y avait a tumeur, raconte-t-elle, un bloc de béton au niveau du cou. C'était apparent, voyant. Je subissais des moqueries à l'école. À cet âge-là, je ne me rendais pas forcément compte de ce qui m'arrivait, je me rendais compte que je souffrais, avec tous les effets de la chimiothérapie".

Tous les traitements avaient échoué pour Laura. La chirurgie et la chimiothérapie n'ont pas empêché la tumeur de revenir jusqu'à ce que le Dr Xavier Buy, du centre oncologique de Bordeaux, tente cette cryothérapie. "C'était une intervention complexe, explique-t-il, puisqu'il fallait protéger tous les nerfs du bras. On n'était pas très loin du cervelet. Finalement, ça a été un succès très important et aujourd'hui, je suis ravi de la revoir, parce que je ne l'avais pas vue depuis 2019".

Pas d'effets secondaires et un coût modéré

La cryothérapie est réservée aux patients chez qui un premier traitement a échoué, et à condition que leur tumeur ne soit pas localisée dans l'abdomen. "Ça a été miraculeux pour moi, témoigne Laura. En deux, trois semaines, la tumeur a régressé et j'ai été guérie. Aujourd'hui, ça fait 12 ans que j'ai eu la cryo et je n'ai pas un seul effet secondaire".

Ce traitement est à manier avec précaution. Le Professeur Lambros Tselikas, de l'institut Gustave Roussy à Villejuif, décrit le mode d'emploi : "Lidée est d'insérer une ou plusieurs aiguilles au sein de la tumeur et d'arriver à baisser beaucoup la température, jusqu'à -150°C, pour induire une mort cellulaire. Aller détruire la tumeur en son sein, quand c'est bien fait, ça marche très, très bien. On a 86% des patients pour lesquels on arrive à avoir un contrôle de la maladie à un an, avec des très, très belles réponses".

La cryothérapie coûte 1 000 euros par injection, une ou deux suffisent à guérir. En comparaison, le traitement par thérapies ciblées coûte 4 000 euros par mois et donne de moins bons résultats.

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