Un nouveau médicament pour certains patients touchés par la maladie d’Alzheimer

La commission européenne vient de donner son feu vert à la mise sur le marché d'un médicament pour traiter les débuts de cette pathologie.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer tente de réveiller ses souvenirs en contemplant un cliché d'elle plus jeune (photo d'illustration). (SEBASTIEN BOZON / AFP)
Une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer tente de réveiller ses souvenirs en contemplant un cliché d'elle plus jeune (photo d'illustration). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

C’est la première fois qu’un médicament de ce type est autorisé dans l’Union européenne. La fondation Vaincre Alzheimer a salué dès mercredi 16 avril dans un communiqué, une avancée majeure. Le Leqembi (c’est le nom commercial de ce nouveau traitement), est destiné à traiter des troubles cognitifs, légers, au tout premier stade de la maladie. 

C'est la première immunothérapie qui s’attaque directement à l’une des lésions responsables des symptômes. L’anticorps utilisé, le lecanemab, permet en effet de nettoyer les dépôts amyloïdes qui s’accumulent dans le cerveau des malades. Et une étude clinique a pu monter qu’après 18 mois de traitement, le lecanemab permet une réduction du déclin cognitif de 27% en moyenne, avec des effets qui concernent à la fois la mémoire, l’orientation, les activités sociales et l'autonomie.

Limité à certains patients en raison d'effets secondaires dangereux

Mais il y a un revers de la médaille : ce médicament ne va concerner qu’un petit nombre de patients, en raison d’effets secondaires indésirables graves, comme des œdèmes cérébraux ou un risque d’hémorragie. Ce traitement ne pourra pas s’adresser à des malades qui ont des prédispositions génétiques particulières. Il s’agit de ceux qui portent deux copies du gène APoE4, car ils sont davantage exposés au risque d’effets secondaires graves. En moyenne, autour de 15% des malades sont statistiquement porteurs de cette prédisposition génétique qui les exclut donc de ce traitement. Par ailleurs, restriction supplémentaire, ce médicament ne concernera que les malades ayant à la fois des troubles cognitifs très légers et des dépôts amyloïdes dans le cerveau. 
 
De plus, il ne s’agit à ce stade que d’une autorisation européenne. En France, la Haute autorité de santé doit également donner son feu vert et cela prendra encore plusieurs semaines. Car les autorités sanitaires doivent encadrer la prescription de ce médicament en France. Compte tenu des effets secondaires, une surveillance régulière des patients par I.R.M. risque par ailleurs d'être nécessaire tout au long du traitement.

"La balance bénéfice-risque reste donc complexe", confirme Philippe Amouyel, professeur de Santé publique au CHU de Lille et directeur de la Fondation Alzheimer. Et le coût de ce médicament est élevé : aux États-Unis, il faut compter autour de 20 000 euros pour une année de traitement. Pour autant, rappelle cet expert, "cela faisait 25 ans qu'il n'y avait pas eu une telle avancée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Nous sommes entrés dans une phase prometteuse de la recherche médicale", salue-t-il. Une phase comparable, selon lui, à celle de l’arrivée des tout premiers antirétroviraux dans la lutte contre le VIH.

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