Avec une croissance en berne, l’équation budgétaire se complique pour le gouvernement

La croissance économique de la France sera plus poussive que prévu au premier trimestre. L'Insee le confirme dans sa nouvelle note de conjoncture publiée en ce mois de mars 2025.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministère de l'Economie et des Finances, le 10 octobre 2024. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)
Le ministère de l'Economie et des Finances, le 10 octobre 2024. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Le PIB de la France (la richesse produite par nos entreprises) devrait augmenter de seulement 0,1% entre janvier et mars 2025, par rapport au dernier trimestre 2024. Si la différence n'est pas énorme, l’Insee tablait jusqu'ici sur une croissance de 0,2%.

Pour se figurer la tendance, il faut bien comprendre que 0,1 point de PIB représente entre deux et demi et trois milliards d’euros. Si le pronostic de l’Insee, dévoilé mardi 18 mars, s’avère exact, sur le premier trimestre de cette année, l’économie française afficherait donc un manque à gagner d’environ trois milliards d’euros. Une conjoncture impliquant moins de rentrées fiscales pour l'État et qui risque de compliquer la construction du budget.

Selon l’Insee, cette panne de croissance s'expliquerait surtout par des facteurs extérieurs, car s’il y a un indicateur qui maintient l’activité, c’est bien la consommation des ménages. Malgré les tensions en tous genres, les Français continuent en effet de consommer, ce qui alimente la croissance. En réalité, notre économie est aujourd’hui pénalisée par le contexte international, entre les dissensions géopolitiques qui créent des incertitudes, et la guerre commerciale menée par l’Amérique de Donald Trump, dont on mesure déjà concrètement les effets sur le moral des décideurs économiques et donc sur leurs investissements. S’ajoute à cela les économies, l’effort budgétaire, d’environ 50 milliards d’euros pour cette année 2025 en coupant principalement dans les dépenses de l’État et en augmentant la fiscalité sur les grandes entreprises, ainsi que les ménages les plus aisés. De quoi refroidir l’ambiance générale.

Une tendance sur l'année ?

Deux facteurs pourraient, non pas inverser radicalement la vapeur, mais donner des occasions de rebonds : le plan de relance allemand et notre propre plan industriel de défense. Le ‘’bazooka’’ budgétaire adopté mardi 18 mars 2025 à Berlin par les députés allemands entend en effet lever le frein sur la dépense publique outre-Rhin et débloquer 500 milliards d’euros pour le réarmement. Beaucoup d’entreprises françaises travaillent en partenariat avec les Allemands et devraient ainsi en profiter.

Par ailleurs, notre propre plan de développement industriel dans la défense, dont le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, dévoilera les grands axes, jeudi 20 mars, devrait donner des occasions de relever la croissance. Est-ce que cela aidera réellement notre économie à rebondir ? Impossible à dire aujourd’hui, il faudra attendre plusieurs mois pour voir si le coup de mou de la croissance française au premier trimestre n’était finalement qu’une mauvaise passe.

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