Contre l'idée de supprimer la niche fiscale des retraités, le RN accélère sa stratégie de conquête

Le parti de Jordan Bardella, en opération séduction depuis des années, commence à faire basculer le vote des retraités, d'après la fondation Jean Jaurès.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, la patronne des députés RN, à l'initiative de la "stratégie de la cravate" depuis 2022. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Marine Le Pen, la patronne des députés RN, à l'initiative de la "stratégie de la cravate" depuis 2022. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Il n'y a pas plus choyés, chouchoutés, convoités que les retraités - catégorie qui vote le plus. Par plusieurs partis, mais avant-tout par le Rassemblement national qui tente de faire tomber leurs barrières ces dernières années. Pour les séduire, des gages, des cadeaux, comme cette censure du gouvernement de Michel Barnier qui refusait de reculer sur la désindexation des retraites. Le parti n'écarte pas d'en voter une autre, si les troupes de François Bayrou concrétisent leur idée de supprimer l'abattement fiscal qui les concerne.

"Si ce gouvernement pense que Marine Le Pen hésitera à censurer un gouvernement qui veut augmenter les impôts des retraités parce qu'elle serait elle-même impactée par une éventuelle dissolution, le gouvernement se trompe ! Nous ne reculerons pas, nous ne flancherons pas, nous n'hésiterons pas si ce gouvernement veut faire les poches des retraités", appuie sur franceinfo tv Sébastien Chenu, vice-président du groupe à l'Assemblée nationale. Rappelons que d'après un calcul franceinfo, 11 millions de retraités paieraient plus d'impôts si l'abattement fiscal de 10% sur les pensions était supprimé, soit plus de deux tiers des retraités.

Le RN, premier parti des retraités

Des gages qui s'avèrent payants, d'après une dernière étude de la fondation Jean Jaurès. Le RN est même devenu le premier parti chez les seniors de plus de 65 ans - chez ceux qui votaient majoritairement à droite. Ils sont deux fois plus nombreux à avoir glissé ce bulletin entre les législatives de 2022 et celles post dissolution de 2024 (de 12 à 26%). Ce vote progresse certes dans toutes les classes d'âge, mais on sait que les anciens se refusaient au RN jusque-là. La fondation met d'autres explications en avant, identitaires notamment. D'un point de vue sociologique, les séniors sont plus conservateurs, sur des questions comme l'islam, l'immigration, mais s'ils franchissent le pas aujourd'hui, c'est parce qu'ils seraient plus perméables aux idées d'extrême droite qui occupent le terrain dans certains médias d'opinion. Tout ça "sur fond de rejet du macronisme", précise l'étude

Au RN, on se frotte les mains, on pense avoir enfin réussi à briser le plafond de verre, notamment chez les jeunes retraités, les plus modestes, qui ont un sentiment de déclassement. Résultat de leur stratégie de crédibilisation, la stratégie de la cravate ? Avec maintenant plus de 120 députés à l'Assemblée nationale, les retraités voient le RN au travail, le RN se positionne sur des thèmes, notamment depuis 2022. Ceux qui au sein du parti sont chargés d'analyser tous ces signaux observent une bascule : l'endettement du pays, avec des retraités, attachés à la stabilité, qui n'accordent plus leur confiance à l'équipe en place.

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