Reportage
"À chaque fois, on a des enfants qui se calment" : dans la Sarthe, élèves et enseignants profitent des bienfaits de faire classe dehors

De plus en plus d'écoles pratiquent les cours en extérieur, en forêt ou dans la cour. À Allonnes, près du Mans, tout le monde profite et ressent les bienfaits de cette pratique, sur l'apprentissage comme sur le comportement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
À Allonnes (Sarthe), les enseignants font cours dehors deux fois par semaine, été comme hiver; (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)
À Allonnes (Sarthe), les enseignants font cours dehors deux fois par semaine, été comme hiver; (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Quand la forêt se transforme en salle de classe : faire l'école dehors est un phénomène qui a tendance à s'étendre en France. Il s'agit simplement de sortir régulièrement les élèves le temps d'une demi-journée, pour réaliser les leçons classiques, mais en extérieur. Apprendre à calculer assis contre un arbre ou encore réviser sa grammaire sur l'herbe. C'est ce que font régulièrement les enseignants de cette école à Allonnes, près du Mans, dans la Sarthe.

Trois classes passent le portail de l'école en ce début d'après-midi, encadrées par leur enseignant, pour aller dans le bois, à un quart d'heure environ de l'école. "J'aime trop, parce qu'en vrai on s'ennuie un petit peu alors que là, on peut courir et faire plein de choses." "Et à chaque fois, on dit bonjour à notre arbre et on lui fait des câlins", expliquent les enfants. 

Des leçons sous forme de jeux

Une fois le groupe arrivé dans la forêt, l'excitation laisse place à un peu plus de concentration. Les élèves de CP et CE1 démarrent par un quart d'heure de lecture libre, chacun adossé à un arbre. De quoi apaiser un peu les élèves, explique l'enseignant. "Dès qu'on arrive, dès qu'on leur fait leur petit moment de calme, ils sont posés. Ça fonctionne bien, ça leur fait du bien."

Le cours commence systématiquement par un quart d'heure de lecture pour bien commencer la séance. (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)
Le cours commence systématiquement par un quart d'heure de lecture pour bien commencer la séance. (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Au programme du jour, ensuite : du français autour des noms communs et des mathématiques, avec les compléments à 10. Le professeur explique les règles d'un jeu, constitué d'une cible, le tout en utilisant les éléments de la nature. "Il va falloir lancer cinq objets par personne que vous allez trouver dans la nature. Vous allez essayer de calculer le nombre total de points."

Les enfants vont et viennent, ils ont de la place pour bouger. Ici pas de chaises, ils calculent assis par terre. "Il y a beaucoup de place, c'est mieux de travailler dehors qu'à l'intérieur, à l'intérieur, il fait chaud", selon un élève. En guise de matériel, l'enseignant a uniquement des feuilles, des crayons et un petit tableau à feutres.

Les enfants s'entraînent aux calculs avec des éléments de la forêt. (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)
Les enfants s'entraînent aux calculs avec des éléments de la forêt. (NOÉMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Des enfants "hyper demandeurs"

Et dans la forêt aussi, il y a des récréations et comme à l'école, c'est le meilleur moment pour les élèves. "On appelle ça le temps d'exploration, confie l'enseignant. C'est leur moment libre et ils adorent." Pendant ce moment en totale autonomie, tout est propice à la découverte. Les enfants s'approchent des insectes, entassent des branches de bois.

Le cadre change beaucoup par rapport à une salle de classe classique et cela change la manière d'apprendre. Le travail est beaucoup plus concret, expliquent les enseignants de cette école, à Allonnes, près du Mans. Ils sortent en forêt ou dans un parc minimum une fois toutes les deux semaines, été comme hiver, quel que soit le temps.

"On sent qu'en termes de mémorisation, il se passe vraiment quelque chose."

Pamela Rocheteau, directrice de l'école maternelle

à franceinfo

"Les enfants sont hyper demandeurs d'aller travailler sous cette forme-là, assure Pamela Rocheteau, la directrice de l'école maternelle. Quand je faisais mes séances de lecture en extérieur, le lendemain, on avait quasiment la totalité des mots qui étaient mémorisés. Là où en classe, ça pouvait prendre deux, trois, voire quatre séances. D'autant plus pour les enfants en grande difficulté scolaire."

Des améliorations dans le comportement

À l'extérieur, les élèves sont plus actifs et travaillent plus en coopération. Ces enseignants y voient de multiples bienfaits en termes d'apprentissage, mais aussi sur le plan du climat scolaire, analyse Pascal Viard, conseiller pédagogique départemental. 

"Des enfants qui explosaient d'habitude explosent beaucoup moins, selon lui. Un enfant qui explose, c'est un enfant qui va se mettre à rouler et qui va taper ses petits camarades, y compris frapper les enseignants." Sortir dans la forêt régule ce genre de comportement, pour le conseiller, "parce que si on a envie de crier, de courir, on le fait dans la forêt, naturellement. À chaque fois, on a des enfants qui se calment". Sans compter le développement psychomoteur : ces sorties encouragent l'activité physique dans notre société où la sédentarité des plus jeunes est très souvent pointée du doigt. Un enjeu d'autant plus fort dans ces quartiers sensibles, où les familles logent dans de petits appartements.

Justement, du côté des parents, les retours sont plutôt positifs. "Je viens de la campagne donc j'ai beaucoup été dehors et le fait d'élever mon fils en ville, ça m'embêtait un peu. Du coup, j'étais vraiment contente", raconte cette mère de famille. "C'est excellent parce qu'ils sortent, qu'il neige, qu'il flotte, ils adorent", enchérit cette autre mère. La pratique se développe, que ce soit dans des petites villes, ou dans des grandes métropoles, à Paris, ou à Lyon par exemple. Même sans forêt aux environs, des élèves font classe dans des parcs ou a minima dans la cour. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.