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Reportage
"C'est incompréhensible" : le désarroi des communes rurales où La Poste supprime des boîtes aux lettres
Bien qu'elles fassent partie du paysage depuis toujours, les boîtes aux lettres jaunes disparaissent dans de nombreuses communes.
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Depuis le début de l'année, les boîtes aux lettres jaunes disparaissent dans de nombreuses communes. La raison invoquée par la Poste est la baisse du volume de courriers : 18 milliards il y a 15 ans, contre six milliards aujourd'hui et trois milliards à horizon 2030. Cependant, ces suppressions se font souvent sans prévenir les élus ou les habitants, qui découvrent du jour au lendemain que leur boîte n'est plus fonctionnelle. C'est le cas dans le département les Deux-Sèvres, où la seule boîte aux lettres d'un petit village a été supprimée il y a quelques jours, à Fenioux, un lieu-dit où vivent moins d'une centaine d'habitants.
"Je ne comprends pas, dans toutes les petites campagnes, ils les enlèvent tous", se plaint Alain. Ce dernier habite Fenioux depuis 20 ans et utilise cette boîte pour échanger le courrier avec les amis ou la famille, ou encore recevoir les factures. "C'est incompréhensible", s'insurge-t-il. Comme Alain, Bertrand a découvert par hasard la boîte condamnée. Et même si lui ne l'utilisait pas souvent, il estime qu'elle était utile, notamment pour les personnes âgées. La raison invoquée par la Poste est qu'il n'y a pas assez de plis à Fenioux, c'est-à-dire, moins d'un courrier par semaine.
Une alternative qui ne convainc pas
Toutefois, certains maires ont décidé de se battre pour garder leurs boîtes. C'est le cas de Denis Legendre, maire de Moriat, dans le Puy-de-Dôme : "Nous, on est une commune de 400 habitants, très rurale, et ça nous rend service". Mais un jour, il y a deux mois, il découvre que ce sont deux boîtes aux lettres sur trois que La Poste veut supprimer dans son village : "J'ai un peu secoué, j'ai prévenu le député, j'ai prévenu le sénateur". Dès lors, la Poste s'est excusée et explique pour justifier cette suppression que sur un mois seulement, cinq lettres ont été postées en tout sur Moriat. Une explication que réfute le maire : "C'est faux, on a des jeunes couples qui payent tous les mois". La deuxième justification avancée par La Poste concerne la fatigue des facteurs.
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La Poste propose alors une alternative : un autocollant que les habitants collent sur leur boîte pour que le facteur puisse récupérer le courrier à envoyer. "Je leur ai dit, écoutez, qu'est-ce que vous voulez que je fasse de ça ? Quel est le gain ? Le facteur est obligé de s'arrêter, d'avoir les mêmes contraintes physiques, le temps sera même plus long, c'est complètement insensé. Une personne âgée n'a pas de voiture, elle ne conduit pas, elle a du mal à se déplacer, elle va faire quoi de sa lettre ?"
"C'est un costard-cravate à Paris qui ne connaît rien du tout de nos campagnes qui a décidé de mettre ça en place."
Denis Legendre, maire de Moriatà franceinfo
Le maire de Moriat a pu sauver deux boîtes aux lettres, mais la troisième sera supprimée. Il demandera aux habitants de choisir laquelle.
De nombreux maires déplorent le manque de dialogue et de concertation de la part de La Poste. Pour Xavier Cadoret, maire de Saint-Gerand-le-Puy dans l’Allier et président de la commission départementale de la présence postale, c'est inacceptable. Alerté par les maires de son département, il a intimé à La Poste de changer de méthode et d’aller voir les élus en amont pour qu’ils ne se retrouvent plus devant le fait accompli : "Le problème, c'est que ça tombe toujours sur le rural. Quand on vient nous voir, c'est pour nous enlever quelque chose sans nous consulter".
Sollicitée, La Poste ne communique aucun chiffre sur le nombre de boîtes aux lettres supprimées au total depuis le début de l’année, mais assure que les maires sont maintenant prévenus à chaque fois.
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