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Reportage
"Ce n'est pas nécessaire, c'est indispensable" : à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, l'extension des compétences de la police municipale fait l'unanimité
Ce sera un projet de loi très débattu à la rentrée. Le ministère de l’Intérieur veut étendre les compétences de la police municipale, notamment pour gérer plus facilement les contrôles de halls d'immeubles et de véhicules suspects. Dans la métropole de Lyon, à Rillieux-la-Pape, le maire et sa police y sont très favorables.
Le projet de loi, qui sera étudié à la rentrée et est signé François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, est d'étendre les compétences de la police municipale. Il vise notamment à permettre l'inspection des coffres de voitures et l'accès aux fichiers des véhicules signalés ou des permis de conduire.
À Rillieux-la-Pape, une ville de 31 000 habitants de la périphérie de Lyon, deux équipages de police municipale patrouillent jour et nuit, avec un chien parfois, toujours par groupe et armés. "J'ai un taser, décrit un brigadier en train d'inspecter un hall d'immeuble régulièrement squatté, un bâton télescopique de défense, une arme à feu pour me défendre en cas d'attaque violente, c'est déjà bien suffisant."
"Les gens n'osent plus sortir de chez eux"
L'un de ses collègues a aussi un lanceur de balles de défense - le fameux LBD tant décrié lors des manifestations de gilets jaunes - et un autre tient un chien en laisse, "qui est aussi un bon moyen de défense". Arrivé sur un point de deal, dans un pôle commercial des années 70, avec un parvis et des arcades, le policier montre un mur entièrement tagué. "Le tag nous insulte, il fait allusion à des collègues avec leurs prénoms", détaille le brigadier.
La présence de ces trafics fait que "les gens n'osent plus sortir de chez eux", poursuit-il. "On ne va pas dire que ce sont des monstres, mais quand ils sont en groupe, ils font du bruit. Et quand des personnes demandent de cesser les troubles, c'est là où ils deviennent injurieux et parfois même violents."
Des mortiers se font entendre au loin, les mêmes "qui sont souvent utilisés sur nous pendant les violences urbaines". "Il est fort probable que ça, c'est pour nous attirer ailleurs, explique un policier, ils veulent nous faire sortir du coin, comme ça, ils peuvent rétablir leur point de deal." Et, de fait, s'il n'y a pas l'ombre d'un trafiquant le temps de la patrouille, quand nous repassons quelques heures plus tard, l'espace est de nouveau occupé.
Policiers du quotidien, police de proximité
Ces agents de la police municipale sont bien identifiés, on s'en rend compte lors de cette patrouille : ici, une personne âgée les remercie pour leur présence, là, un groupe d'adolescents vient les taquiner. De même, plutôt que de verbaliser un conducteur en train de se garer dans un endroit interdit, un policier le prévient et le laisse partir : "On sait que la vie est dure aujourd'hui", dit-il.
Après deux heures de patrouille, l'équipage rentre au commissariat, mais il faut repartir tout de suite parce qu'un cocktail molotov a été signalé. Finalement, il s'agissait d'une bouteille d'alcool emballée dans un sac plastique. Les policiers en plaisantent, soulagés, et c'est bientôt la fin de service pour l'équipage de jour.
Mais voilà qu'une habitante débarque dans la cour du commissariat. Elle a pris en photo la plaque d'une voiture. "Il y a une voiture, je pense volée, en face de mes garages, explique-t-elle. Et vu que ça brûle beaucoup à Rillieux, je préfère l'enlever. Dans notre quartier, on a eu trois voitures brûlées en deux semaines..." Pour cela, les policiers doivent retrouver le propriétaire puis son adresse, tenter de le contacter et faire enlever la voiture gênante en dernier recours.
"On a accès à certains fichiers, mais ils sont très limités au niveau des informations. Ces fichiers limités, ça ne nous permet pas de traiter la demande comme il le faut, du coup on passe par la police nationale."
un brigadier municipalà francienfo
Cependant, à Rillieux-la-Pape, la police municipale est armée et de plus en plus étoffée. Les effectifs vont bientôt atteindre 40 policiers municipaux, contre 12 il y a dix ans. Cela représente un policier pour 800 habitants. Ils travaillent selon des rythmes bien étudiés, nous explique dans son bureau du commissariat leur supérieur hiérarchique. Celui qui est aussi "le directeur sécurité tranquillité publique de la ville" explique pourquoi il est favorable à l'extension des compétences de la police municipale.
"Ce n'est pas nécessaire, c'est indispensable !, déclare-t-il. Très concrètement, dès qu'on a besoin de faire identifier un véhicule, ou sur les occupations de parties communes dans les immeubles, ou encore sur les détentions de produits stupéfiants, on est obligés de faire appel à un équipage de police nationale. Ça leur fait perdre du temps, ça nous en fait perdre à nous. Parfois ça peut nous mettre en danger."
Cette modification des compétences s'accompagnerait forcément de rétribution salariale en plus : "Ça paraîtrait assez juste que ça s'accompagne également d'une reconnaissance statutaire", ajoute le directeur. Le maire de Rillieux, Alexandre Vincendet, est favorable à ce que la loi évolue. Lorsqu'il était député, il l'a écrit dans un rapport parlementaire. Aujourd'hui, cela prend la forme d'un projet de loi, qui sera présenté et très débattu à la rentrée.
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