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Reportage
"Si tu veux devenir mâle alpha, clique sur mon lien" : les jeunes Français de plus en plus confrontés aux théories masculinistes
La question de l'influence des théories masculinistes sur les jeunes Français a été relancée après le succès mondial de la mini-série britannique "Adolescence" sur Netflix qui raconte l'histoire d'un ado de 13 ans accusé d'avoir poignardé à mort une camarade.
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Tous les adolescents ou les jeunes hommes rencontrés en région parisienne ont été au contact de ce type de contenus via les réseaux sociaux : "L'homme doit tout avoir : argent, voiture, maison, corps musclé... Tout ce qui est synonyme de richesse. Et la femme doit juste servir à la procréation, être à la maison, préparer à manger pour le mari et l'enfant, expliquent deux jeunes qui disent avoir été exposés vers 16-17 ans, à l'entrée au lycée, en seconde. Après, en général, ils vendent des formations 'si tu veux devenir 'mâle alpha', clique sur mon lien'", poursuivent-ils.
Les influenceurs masculinistes proposent effectivement des formations pour devenir un "mâle alpha". Le vocabulaire masculiniste a d'ailleurs été intégré par ces jeunes qui connaissent ce terme de "mâle alpha", c'est-à-dire l'homme qui ne se fait pas dominer par les femmes.
"On s'y retrouve"
La majorité des jeunes hommes rencontrés sont en désaccord total avec ça, mais Yannis, 20 ans, ne rejette pas tout. "D'un côté, il y a des informations dans lesquelles on se retrouve", souligne-t-il. Il explique que, pour lui, "un homme, dans une relation, doit avoir plus d'autorité que la femme. Je suis d'accord, mais la femme aura toujours le droit d'exprimer son mécontentement. Personnellement, j'ai voulu appliquer certains propos de ces vidéos parce que je trouvais ça logique en fait. Un homme doit être fort mentalement, il ne doit pas montrer ses émotions, un homme n’a pas le droit de pleurer. Alors qu’une femme aura le droit de pleurer, d’exprimer ses émotions parce qu’une femme est 'considérée' plus faible qu’un homme."
"Un homme doit se montrer plus fort qu’il ne l’est, pour maintenir la stabilité dans une relation."
Yannis, 20 ansà franceinfo
Ces propos ne sont pas si étonnants puisque, selon le Haut Conseil à l'égalité, les jeunes hommes y adhèrent de plus en plus : 67% des moins de 35 ans estiment qu'il faut être sportif, 53% qu'il faut savoir se battre et 46% qu'il ne faut pas montrer ses émotions.
"La honte de ne pas être à la hauteur"
Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, reçoit fréquemment dans son cabinet à Antibes des adolescents qui tiennent ce type de discours. Elle explique que l'objectif des psychologues cliniciens est "de redonner de la nuance, là où les discours simplistes qu'ils croisent tendent à tout opposer : force, vulnérabilité, homme-femme, domination, soumission. Donc, on déconstruit doucement, subtilement ce qui a été reçu. Il y a aussi un travail autour de la honte, qui est important à faire. La honte d'être vulnérable, la honte de ne pas être à la hauteur d'une masculinité fantasmée".
"Notre travail, à mon avis en cabinet, c’est de réintroduire la nuance et d’aider à penser la relation homme-femme autrement que comme un rapport de force."
Amélie Boukhobza, psychologue clinicienneà franceinfo
Dans les cas extrêmes, ce rapport de force peut conduire au pire : c'est tout le sujet de la série Adolescence sur Netflix, où un jeune de 13 ans est suspecté d'avoir tué une camarade du lycée. "Ce qui est intéressant c'est qu'en réalité le personnage principal, selon moi, n'est pas un adolescent comme les autres. Il est déjà très isolé, il est en difficulté affective et il a surtout de grandes fragilités narcissiques et ça on le repère bien, c'est palpable au fil des épisodes, pointe Amélie Boukhobza. Donc forcément, c'est un terrain extrêmement favorable pour que des discours radicaux puissent prendre. Alors ça pose une vraie question : tous les adolescents ne sont pas égaux face à ce type de contenu", ajoute-t-elle.
Selon cette psychologue clinicienne, pour éviter que ces théories masculinistes ne conduisent à la violence ou au meurtre, il ne faut pas juger, ni blâmer ces jeunes. Mais plutôt travailler sur ce qui rend certains adolescents plus vulnérables que d'autres.
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