La cigarette électronique semble être un outil de sevrage mais est-elle sans danger ?

Je vapote, tu vapotes, il vapote, nous vapotons tous ou presque ! Le nombre de vapoteurs quotidiens a doublé entre 2015 et 2023, et dans le même temps le nombre de fumeurs a baissé. La cigarette électronique semble être un bon outil de sevrage, mais est-elle réellement sans danger ? Adélaïde Robert, de 60 millions de consommateurs, répond aux interrogations.

franceinfo : Que disent les tabacologues ? Le vapotage est-il vraiment moins nocif que le tabac ?

Adélaïde Robert : Oui vapoter est moins nocif que fumer du tabac, et c’est un moyen de sevrage efficace. On peut affirmer que la cigarette électronique est moins dangereuse pour la santé que la cigarette classique, et on peut sans état d’âme recommander aux fumeurs de préférer la cigarette électronique. La question est de savoir sur quelle durée, surtout au-delà des 2 années qui sont en principe nécessaires pour se sevrer complètement du tabac. Car le sevrage s'effectue en 2 temps : sevrage de la cigarette grâce au vapotage, avec des e-liquides mais qui contiennent de la nicotine dont reste on reste encore dépendant, il faut donc ensuite se sevrer du vapotage, ce qui n’est pas évident pour tout le monde.

Les industriels ont-ils des obligations sur la composition des e-liquides ?

Oui il existe des exigences réglementaires sur les e-liquides, avec des ingrédients interdits, mais qu’il reste à parfaire. Par exemple, on a pu voir dans notre essai qu’il fallait éviter les e-liquides contenant du sucralose. Il existe également des exigences réglementaires sur les cigarettes électroniques. Il y a juste un angle mort sur lequel a souhaité se pencher l’Institut national de la consommation, c’est l’interaction entre contenant et contenu, en particulier le rôle du type de résistance utilisée. Les modèles de cigarettes électroniques ont beaucoup évolué, et cette évolution n’a pas été prise en compte par la réglementation.

Vous avez testé 6 cigarettes électroniques avec 4 différents e-liquides, pour quels résultats ?

Il ressort que si l’on s’intéresse séparément aux cigarettes électroniques et aux e-liquides, on n’approche pas correctement les risques auxquels sont exposés les utilisateurs. On mesure davantage de métaux lourds par exemple quand la résistance chauffe plus. Ce n’est pas inattendu, mais c’est désormais démontré et cela met en évidence le fait que, selon la manière dont le vapoteur utilise sa cigarette électronique, et avec quel e-liquide, il ne s'expose pas aux mêmes risques. Les métaux lourds s’accumulent dans l’organisme et sont toxiques. Ce n’est évidemment pas la seule source de métaux lourds dans l’environnement, et les quantités sont très inférieures à ce qui est inhalé avec une cigarette. Mais c’est important de tendre à une exposition minimale. Surtout pour un gros vapoteur ou un vapoteur au long cours.

Les arômes ne sont-ils pas un piège pour les jeunes ?

Les arômes sont un piège pour les non-fumeurs, à l’évidence, car cela peut les inciter à vapoter, ce qui augmentera leurs risques pour la santé. En revanche, ce piège devient un atout si on se met dans la peau d’un fumeur – parfois jeune – qui a souvent envie d’un produit agréable à vapoter pour remplacer la cigarette, avec parfois même le goût tabac au départ. Or l'arôme rend le vapotage agréable.

Un conseil à donner ?

Cet essai n’a pas pour but d’être un guide d’achat. L’idée était de voir si la réglementation permettait d’appréhender l’ensemble des risques auxquels s’exposaient les vapoteurs. On démontre qu’il existe une marge de progression, notamment sur les contenants. Ensuite si le vapotage aide à arrêter de fumer, il faut choisir la combinaison e-liquide / e-cigarette la plus attirante mais apprendre à bien l’utiliser pour ne pas s’exposer à des risques supplémentaires liés à un mésusage, donc prendre conseil. Quant aux non-fumeurs, le meilleur conseil est de ne pas se mettre au vapotage, et surtout pas avec des e-liquides contenant de la nicotine qui les rendraient dépendants.