EDF : le sujet des tarifs au cœur des dossiers qui attendent le nouveau PDG Bernard Fontana

L’assemblée générale d’EDF a validé lundi la nomination de Bernard Fontana pour succéder à Luc Rémont. Transition, investissements capitaux et prix de revient, le nouveau PDG a d’importants défis à relever.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Bernard Fontana, lors de son audition pour prendre la présidence-direction générale d'EDF le 30 Avril 2025. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Bernard Fontana, lors de son audition pour prendre la présidence-direction générale d'EDF le 30 Avril 2025. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La candidature de Bernard Fontana à la tête d'EDF, approuvée par le Parlement le 30 avril, a été validée par l'assemblée générale d'EDF, lundi 5 mai. L'homme prend donc la suite de Luc Rémont, limogé assez brusquement par l'État le 21 mars, après deux ans et demi de mandat. À trop vouloir protéger les intérêts d'EDF, l'ancien patron avait provoqué la colère des gros clients industriels. Bercy avait finalement pris la décision de mettre un terme à son mandat, qui devait être renouvelé en juin.

Pour le nouveau PDG Bernard Fontana, qui vient de Framatome, les dossiers sont complexes. Sa priorité sera d’abord industrielle. À charge pour lui de continuer à rétablir la production du parc nucléaire, première source électrique du pays. Cela signifie qu'il doit faire en sorte que, techniquement, les 57 réacteurs nucléaires fonctionnent pour produire encore plus de courant qu'aujourd'hui.

Optimisation, investissements, transition...

Les problèmes de corrosion qu’EDF a connus, sont, certes, en grande partie résolus. Mais il faut optimiser ces équipements, augmenter la puissance de certains d’entre eux et maîtriser les délais et les coûts. Sans oublier de développer les énergies hydrauliques ou encore l’éolien.

À 64 ans, Bernard Fontana a pour lui de bien connaître le groupe, puisqu’il siégeait au conseil exécutif d’EDF. Et juste avant ce poste, il était dans une filiale de l'entreprise, Framatome étant l’ex-Areva, qui fabrique les chaudières nucléaires. Plus globalement, ce polytechnicien connaît bien les problématiques industrielles, il a également été vice-président d'Arcelor Mittal.

Il doit donc préparer le futur programme nucléaire, lancer les six réacteurs de grande puissance, promis par Emmanuel Macron, ainsi que huit autres à venir, dans un environnement budgétaire tendu. La dette du groupe atteint déjà 54 milliards d’euros et la facture pour réaliser ces futurs réacteurs avoisine déjà les 70 milliards d’euros - et ce n'est qu'une estimation. C'est dire si ces investissements sont colossaux. Initialement, la première mise en service devait être 2035, mais ce sera plutôt en 2038.

Les tarifs, dossier hautement inflammable

Bernard Fontana devra aussi s’attaquer au sujet très sensible des prix de l’électricité. C’est là-dessus que Luc Rémont a précisément été limogé par l’Élysée. Le nouveau PDG devra conclure les nouveaux contrats avec les grands clients industriels, notamment ceux qui consomment beaucoup d’énergie, et qui avaient lâché Luc Rémont après un bras de fer sur les tarifs.

Ces négociations commerciales sont complexes, car d’un côté, EDF doit être rentable, comme n’importe quelle entreprise, et de l’autre, il lui faut vendre son électricité à des prix abordables, comme le lui ordonne l’État actionnaire, qui depuis 2 ans détient 100% du capital.

Comme son prédécesseur, Bernard Fontana devra donc faire face à ces injonctions contradictoires. Ce sujet des prix sera au cœur de son mandat - de quatre ans - et il promet d’intéresser tous les Français. Car si EDF est obligée de vendre son courant aux entreprises au coût de revient, qui paiera alors les investissements ? Il faut s’attendre à ce que la facture revienne alors aux clients individuels ou aux contribuables.

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