Grèce : on est à nouveau au bord de la crise
Nouvelle journée de suspens pour la Grèce : l’Europe attend depuis hier soir le programme détaillé des réformes promis par le premier ministre Alexis Tsipras. Le document n’est toujours pas arrivé. On est encore au bord de la crise.
Si l’affaire n’était pas aussi sérieuse, on dirait volontiers que c’est comme dans une série télé, chaque nouvel épisode contient sa dose d’inattendu, de suspens, de drame. Après le compromis très laborieux conclu dans le dernier épisode vendredi, aujourd’hui est une nouvelle journée décisive : soit le programme de réformes structurelles présenté par Athènes est jugé crédible, et substantiel et alors la Grèce pourra bénéficier d’une nouvelle aide d’urgence de sept milliards d’euros, avant qu’en juin ne s’engage une nouvelle négociation d’ensemble. Soit les Grecs restent dans le flou artistique ou pire le détricotage des mesures d’austérité sans nouvelles recettes, et alors on sera à nouveau au bord du drame, et la question de la sortie de la Grèce de l’euro se posera une nouvelle fois.
Dans ce moment de vérité la Grèce et son nouveau gouvernement paraissent bien seuls.
La Grèce est seule face à son destin aujourd’hui, bien seule et on se dit, du coup, que la nouvelle équipe en place à Athènes a raté ses débuts et fort mal joué le coup vis à vis de ses partenaires. La Grèce, et son nouveau gouvernement issu de la gauche radicale avaient de forts bons arguments à faire valoir : oui l’austérité aussi violente qu’aveugle imposée à Athènes a été un échec patent et chacun pouvait le constater. Oui, les conséquences sociales dramatiques de l’austérité avaient été totalement sous-estimées. Oui, encore l’obsession comptable et budgétaire a tué la croissance sans laquelle la charge de la dette est bien sûr insoutenable. Oui, enfin, il paraissait plus rationnel de suspendre le remboursement de la dette pour réinjecter un peu d’argent frais dans l’économie dans l’espoir de la faire repartir. Et tous ces arguments, beaucoup étaient prêts à les entendre.
Le style et la tactique de Tsipras se sont révélés totalement contre productifs
Pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il est bien difficile de passer en quelques jours du romantisme débridé d’une campagne électorale à la dure réalité, et aux subtilités d’une négociation forcément ardue. Ensuite, l’équipe bien novice d’Alexis Tsipras a oublié une règle de base de fonctionnement de l’Union européenne : votre influence se mesure à votre capacité d’alliance, vous n’êtes rien sans alliés, sans rapports de force construits. Et là, le style et la tactique de Tsipras se sont révélés totalement contre productifs. Athènes a multiplié les provocations, allant jusqu’à vouloir déterrer de vielles affaires financières avec l’Allemagne datant de la Seconde guerre : ce n’était pas seulement ridicule mais totalement contraire à l’esprit européen. Ensuite, dire publiquement à l’Italie qu’elle sera le prochain Etat menacé par la faillite, comme l’a fait le ministre grec des finances, c’est prendre le risque de se fâcher immédiatement avec un allié potentiel de poids. Enfin, le mépris affiché à l’égard des pays comme l’Irlande, la Lettonie, le Portugal, et même l’Espagne, qui commencent à se porter mieux après des plans très rudes d’austérité, s’est révélé là encore désastreux. Autant d’erreurs, autant de raisons qui font que la Grèce, sera bien seule, aujourd’hui dans sa négociation à Bruxelles
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