Taux d'intérêt, impact à la bourse, note de la France... Quels sont les impacts de l'instabilité politique sur l'économie ?

La démission de Sébastien Lecornu a fait vaciller la bourse de Paris. Le CAC 40 a chuté de près de 2%, tiré vers le bas par les banques et les groupes immobiliers. Cette instabilité politique alimente aussi les inquiétudes sur la dette française, dont le coût d’emprunt atteint des records.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’indice phare de la bourse de Paris, le CAC 40 a finalement terminé avec une perte d’un point et demi, lundi 6 ocotbre 2025.. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)
L’indice phare de la bourse de Paris, le CAC 40 a finalement terminé avec une perte d’un point et demi, lundi 6 ocotbre 2025.. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)

La situation politique très instable a des impacts sur notre économie. Preuve en est à la bourse de Paris. Tout de suite après l’annonce de la démission de Sébastien Lecornu, lundi 6 octobre au matin, le CAC 40 a perdu deux points, alors que les autres marchés, à Londres ou à Francfort, connaissaient une séance calme. Toute la journée sous pression, l’indice phare de la bourse de Paris a finalement terminé avec une perte d’un point et demi.

Le CAC 40, on le rappelle, regroupe les 40 plus grandes entreprises françaises cotées. Celles dont la valeur a été le plus chahutée sont celles qui réalisent l’essentiel de leur activité dans l’hexagone, comme, par exemple, les groupes immobiliers ou de promotion Nexity, Kaufman & Broad, mais aussi Eiffage ou Vinci. Leur activité dépend fortement de la commande publique, et les investisseurs anticipent un gel de contrats. Ces banques françaises ont payé le plus lourd tribut lundi. En fin de séance, la Société Générale abandonnait 3,95%, BNP, Paribas 3,18% et le Crédit Agricole 3,19 %. Il faut dire qu’elles sont en première ligne pour gérer les conséquences de l’incertitude économique sur la santé de leurs clients, qu’il s’agisse des entreprises ou des ménages. Elles affichent néanmoins depuis le début de l’année de bons résultats et peuvent encaisser ces baisses. Mais, cette situation reste problématique, car ces entreprises subissent de plein fouet la remontée des taux d’intérêt.

Sur les taux d’intérêt, là aussi, la situation politique a des conséquences directes. Lundi, la prime sur la dette française à dix ans, par rapport à son homologue allemande, a atteint son plus haut niveau de l’année. L’écart — qu’on appelle dans le jargon le spread — était à plus de 88 points de base, un record depuis janvier. Autre indicateur peu encourageant : le taux d’emprunt de la France à dix ans a grimpé à 3,61%, au-delà du niveau exigé pour l’Italie (3,57% à 3,58%), longtemps jugée peu fiable par les investisseurs.

Le risque d’être dégradé par les agences de notation 

En septembre, l’agence américaine Fitch a déjà abaissé la note tricolore sur la dette à "A+". L’incertitude politique et les tensions sociales, susceptibles d’entraver la capacité de la France à mener des réformes et à suivre la trajectoire de redressement de ses finances publiques, étaient les motifs clairement évoqués. Le 24 octobre, ce sera au tour de Moody’s de se prononcer, suivie par S&P le 28 novembre. On voit mal, dans ces conditions politiques, comment ces agences pourraient maintenir leur confiance.

Concrètement, cela signifie que la France paiera encore plus cher sa dette, qui dépasse désormais 116% du PIB. Les intérêts, eux, frôlent désormais les 50 milliards d’euros annuels.

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