Comment Tinder et les autres applications de rencontre choisissent pour vous qui vous aimez (et en profitent pour aspirer vos données)
Les "matchs" Tinder, qui apparaissent lorsque deux personnes se likent mutuellement, n'ont rien de fortuit et reposent sur un complexe réseau de neurones analysant chacune de nos interactions.
Si vous pensiez que vos matchs Tinder étaient le fruit du hasard, d'une rencontre fortuite comme cela peut arriver dans la vraie vie, vous vous trompez. On ne croise pas sur l'application de rencontre la plus utilisée par les Français tous les profils présents autour de nous.
L'algorithme opère en fait un tri, grâce à ce qu'on appelle un réseau de neurones. Il analyse les photos des profils likés, la façon dont chacun écrit, il suit aussi les déplacements des utilisateurs grâce à leur géolocalisation... tout ça pour ne montrer que des profils censés plaire à la personne qui tient le téléphone. Ce qui la fera rester plus longtemps sur l'application, et qui est évidemment l'objectif premier.
Et ce n'est pas tout. "Ceux qui reçoivent plus de messages, plus de likes, vont être en haut de la liste de résultats, et vont être présentés plus fréquemment à d'autres personnes", explique Jessica Pidoux, sociologue du numérique, chercheuse postdoctorale à l'université de Neuchâtel et directrice de PersonalData.Io pour la protection des données personnelles. Elle est la première à avoir pu étudier le brevet de Tinder.
"La distance a moins de poids que la popularité. On va me présenter ceux qui ont la meilleure popularité, et seulement si moi aussi j'ai une bonne popularité."
Jessica Pidoux, sociologue du numériqueà franceinfo
La chercheuse a aussi démontré que Tinder favorise un schéma où l'on montre aux jeunes filles des hommes plus riches et plus âgés. "Il y a un modèle patriarcal favorisé, note Jessica Pidoux. C'est un choix de la conception de Tinder."
"L'industrie de la rencontre en ligne est devenue un espace où l'on collecte des données sensibles"
Pour établir les profils des utilisateurs, et ainsi leur présenter les personnes qui seraient le plus susceptibles de leur plaire selon les algorithmes, les applications de rencontre captent une masse importante de données. Tinder est par exemple capable de dire où, quand, et combien de fois par jour un utilisateur s'est connecté depuis son inscription. Les applications ont aussi accès à tous les messages écrits, aux informations prérenseignées et évidemment à celles qu'elles traquent. Préférences musicales, intellectuelles, physiques, sexuelles... Elles savent énormément de choses.
Tout ça représente une mine d'or pour les annonceurs ! "L'industrie de la rencontre en ligne est devenue un espace où l'on collecte des données sensibles. On peut croiser aujourd'hui des données sur nous, notre comportement, et c'est vendu comme des données très fines pour le profilage des consommateurs et consommatrices", détaille Jessica Pidoux. Ainsi, une application de rencontre va vendre par exemple un espace publicitaire à une marque de rasoirs pour les hommes de 30 à 35 ans ayant une barbe de trois jours, ou va pouvoir démultiplier les segments d'audience pour s'adapter au plus près à l'audience recherchée par certaines marques.
Et cette collecte de données n'est pas sans conséquence. En mars dernier, le Washington Post révélait qu'un groupe d'ultraconservateurs catholiques avait dépensé des millions de dollars aux États-Unis pour acquérir les données de Grindr, une application de rencontre surtout utilisée par les hommes homosexuels, et ainsi débusquer des prêtres ou des séminaristes gays. Alors attention aux données que vous partagez par message notamment : sur les applis comme ailleurs, le mieux est encore de penser à se protéger.
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