Attaques de prisons : "Pour l'heure, il n'y a pas de piste privilégiée", assure Olivier Christen, procureur national antiterroriste

"Il n'y a pas eu d'arrestation, ni de ciblage spécifique de profils", précise le procureur. De nouveaux incidents sont survenus mercredi au lendemain d'actions coordonnées contre plusieurs établissements pénitentiaires en France.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Christen, procureur national antiterroriste, le 17 avril 2025 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Olivier Christen, procureur national antiterroriste, le 17 avril 2025 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Véhicules brûlés sur un parking de la prison de Tarascon, hall d'immeuble incendié en région parisienne : l'institution pénitentiaire a été mercredi à nouveau la cible de dégradations, au cœur d'une vaste enquête antiterroriste. "Ce qui est important de retenir à cette heure, c'est qu'il n'y a pas de piste qui soit privilégiée", affirme jeudi 17 avril sur franceinfo le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen. 

"Tout est possible, il n'y a pas de pistes qui soient fermées dans nos investigations", répète Olivier Christen. "Ça peut être des groupes de radicalisés politiques, ça peut être des groupes plus liés avec la criminalité organisée, ça peut être aussi une convergence d'objectifs et de personnes qui se manipulent les uns les autres : tout est possible", avance-t-il. 

Rester "le plus ouvert possible"

"Nous nous sommes saisis parce que le terrorisme relève de plusieurs qualifications possibles dont celle qu'on appelle le terrorisme par intimidation. Elle n'est pas définie précisément par la loi mais, selon les auteurs, elle correspond à une action d'une exceptionnelle gravité qui a pour finalité de faire pression sur la population ou les pouvoirs publics pour qu'ils fassent ou ne fassent pas quelque chose. Dans la mesure où nous avons été confrontés à une action concertée sur l'ensemble du territoire national, sur un laps de temps relativement long, on peut considérer aujourd'hui que nous sommes dans ce type de fait", explique le procureur.

"Ce serait une erreur de fermer l'une ou l'autre des voies pour le moment. Il n'y a pas eu d'arrestation, ni de ciblage spécifique de profils", souligne le procureur. "Notre objectif est d'être le plus ouvert possible sur toutes les pistes qui peuvent être envisagées pour ce type d'actes", insiste Olivier Christen. Toutes les pistes sont ouvertes et les investigations se poursuivent avec les "différents éléments recueillis sur place" et "beaucoup d'expertises techniques", notamment liées à l'ADN et aux écoutes. "À partir de cela, des pistes seront privilégiées, étaye le procureur antiterroriste, même s'il y a évidemment, à mesure que les investigations avancent, des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation". Interrogé sur une possible  ingérence étrangère, le procureur n'a pas non plus écarté cette piste. "Aucune piste n'est fermée", a-t-il redit.

Les deux tiers des faits situés dans les Bouches-du-Rhône et en Île-de-France

Dès mardi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi et a ouvert une enquête pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Elle est également ouverte pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur une personne dépositaire de l'autorité publique" pour les tirs à l'arme automatique à Toulon, et pour dégradation en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste pour les autres incendies. L'inscription DDPF pour "Défenses des prisonniers français" a été taguée lors de plusieurs attaques contre des centres pénitentiaires français. Le groupe DDPF a été créé "il y a quelques jours" sur un canal Telegram, inconnu des services de renseignement français. "Nous en savons assez peu de choses", a reconnu Olivier Christen, confirmant la fermeture de ce groupe sur Telegram.   
 
Au total, le procureur fait état de "12 faits, deux contre des domiciles personnels d'agents de l'administration pénitentiaire, une attaque conduite contre des véhicules dans les parkings de l'École nationale pénitentiaire (Enap) et puis neuf faits directement contre des établissements pénitentiaires". "Deux faits plus lourds ont été commis avec des armes à feu à Toulon, avec une Kalachnikov et contre la maison d'arrêt Aix-Luynes", poursuit Olivier Christen. "Ce sont huit départements qui ont été touchés", dont "un tiers des faits commis dans les Bouches-du-Rhône, un tiers dans la région Île-de-France" et "le total est de 21 véhicules incendiés et une dizaine de véhicules dégradés".  
 

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