Julie Zenatti chante dans les églises : "Cet album n'était pas prévu"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 28 avril 2025 : la chanteuse Julie Zenatti. Son nouvel album, "Le Chemin", est sorti vendredi dernier.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Julie Zenatti le 16 janvier 2025, à Paris. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)
Julie Zenatti le 16 janvier 2025, à Paris. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)

C'est son interprétation de Fleur-de-Lys dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris qui a révélé et même propulsé Julie Zenatti sur le devant de la scène avant qu'elle ne s'impose en tant que chanteuse avec le titre Si je m'en sors en 2000. Depuis, la petite fille est devenue une femme et l'interprète soprano capable de couvrir plusieurs octaves aussi. De ses albums Fragiles à La boîte de Pandore en passant par l'aventure Méditerranéennes, elle a travaillé pour Refaire danser les fleurs. C'est le fruit de ce travail presque d'introspection qui apparaît dans son nouvel album, Le Chemin, un symbole de lâcher prise, d'allègement.

franceinfo : Cet album est pop, il est solaire comme un voyage dans l'intime, personnel mais pas confidentiel. Fallait-il accepter que le temps passe ?

Julie Zenatti : Je crois qu'il fallait accepter que le temps passe et je crois qu'il fallait accepter de s'aimer mieux. Je pense que c'est aussi ça. J'ai commencé très jeune, trop jeune, je ne sais pas, c'était mon chemin, c'est comme ça que ça devait se passer. En avançant, je pense que forcément, pour me protéger, il y a beaucoup de manteaux que j'ai enfilés et parfois ça ternit un petit peu ou ça peut flouter un petit peu la personne qu'on est. Aujourd'hui, cet album-là, il est complètement différent parce que déjà il n'était pas prévu et donc il n'y a presque aucune attente. J'ai vraiment écrit ça presque comme un journal de bord, comme si je déposais un petit peu tout sur le tapis et je disais : voilà, il reste ça.

Il y a une chanson qui s'appelle Si j'avoue, et c'est vrai que vous avouez tout dans cet album. On parle des erreurs, mais quelles sont celles que vous regrettez ou celles que vous auriez aimé éviter ?

J'aurais aimé éviter d'avoir peur de moi, d'avoir peur aussi de ma voix, parce que c'est vrai que tout ça m'a dépassée.

"Ma voix a toujours été beaucoup plus forte que moi, ça a été ma meilleure amie et ma pire ennemie parce qu'on m'a toujours regardée comme une chanteuse."

Julie Zenatti

à franceinfo

Il est vrai que la personne que je suis s'est un peu perdue là-dedans. Avec le temps qui passe, le fait de devenir maman, d'être productrice de mon travail, ça a changé beaucoup de choses et ça a permis que je puisse me révéler face à la chanteuse avec laquelle j'ai vécue depuis 25 ans.

Huit albums, six disques d'or. Cette lycéenne timide que vous étiez a eu cette envie aussi de suivre chemin. C'était une évidence qu'il devait sortir à ce moment-là et qu'il devait s'appeler Le Chemin aussi.

En fait, c'est assez fou. On m'appelle pour me demander si j'envisagerais d'aller chanter dans des églises. Il faut savoir que je ne suis pas religieuse, que je ne suis pas de confession catholique. Au départ je me dis "pas du tout", et puis à un moment on me dit juste : "Mais tu sais, les billetteries, ça permet de restaurer un vitrail". Et là je me dis qu'on me propose d'être une chanteuse utile, ce qui a été finalement tout le combat de ma carrière. Pourquoi je raconterais ma vie ? Qu'est-ce qu'elle a de plus intéressante que celle de quelqu'un d'autre ? En fait, je me suis rendue compte que ces endroits-là, c'étaient des refuges dans l'histoire. Les églises, ce sont des refuges pour tous, qui peuvent permettre aux gens de se recueillir s'ils le veulent, mais aussi juste d'être accueillis. J'ai beaucoup aimé cette symbolique-là. Moi qui fais partie d'une religion qui n'a pas du tout la même vision des choses, je trouvais ça assez joli de se dire que, peu importe ce que tu as au-dessus de ta tête, on ouvre la porte et on te tend la main.

Vous parlez du regard de l'autre dans cet album. Dans Si j'avoue, vous parlez de retrouver votre prénom, mais à travers celui de l'autre qui vous accompagne, on parle de transmission là ?

Au départ, quand j'ai travaillé sur ce disque, je me suis demandé comment je n'allais pas perdre mon identité dans cette histoire-là, en ouvrant un album avec "Païenne dans une église". Donc, il va falloir que je dise aussi que je suis juive et dans le contexte actuel, on nous demande de ne pas trop parler. Mais en fait, je ne parle pas de religion, je parle d'identité, je parle d'histoire, je parle de transmission, je ne veux pas me museler.

Ce que vous dites, c'est qu'il faut relativiser et peu importe la fragilité qu'on a, c'est une force ?

Oui, et je l'ai encore compris, même dans mon aventure de Danse avec les stars. On m'a reproché beaucoup mon manque de confiance en moi. Mais en fait je suis comme ça.

"Même après onze semaines de danse en petite robe à paillettes, on a eu beau me dire de prendre confiance, non, en fait, je suis comme ça."

Julie Zenatti

à franceinfo

Les petites failles qu'on a, il faut réussir à un moment à les apprivoiser, à les mettre du bon côté de nos vies et à s'en servir.

Quel regard porte la Fleur-de-Lys du début sur cet album Le Chemin et sur la Julie Zenatti d'aujourd'hui ?

Je crois qu'elle me dirait : "Bravo, tu t'es trouvée".

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