Raul Paz et le Cuba de demain : "Il faut qu'on soit là, pour apporter les petites choses qu'on a apprises à droite et à gauche"
L'auteur, compositeur et interprète cubain Raul Paz est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie à l'occasion de la sortie de son album "Guarijo chic". Dans ce quatrième épisode, il évoque la chanson "No me digas que no" (Ne me dis pas non).
Il y a des artistes qui marquent plus que d'autres, par leur capacité, dans leur interprétation et leur écriture, à nous raconter des histoires au point de les rendre communes et universelles. C'est le cas de Raul Paz, et ce qui touche davantage dans son répertoire et ses prestations scéniques, c'est que ces fameuses histoires sont avant tout gorgées de vérité, d'humanité, de résilience et d'espoir. Ça ne lui pose aucun problème de ne pas savoir ce qu'il va se passer demain et c'est une philosophie de vie.
franceinfo : Ce qui est important pour vous, semble-t-il, c'est ce que vous vivez dans le moment présent. Est-ce que c'est le fil rouge de vos créations ?
Raul Paz : Je suis là, aujourd'hui avec vous et c'est ça qui compte. C’est une pensée de la campagne, de ces personnes qui se lèvent tous les jours : Il faut y aller ! Mon père n'aurait jamais imaginé que je revienne me lever le matin pour traire une vache, par exemple. Et moi non plus, d'ailleurs.
"Je rêvais de New York, de Paris, des grandes villes, du béton et du bruit. Maintenant, je ne peux pas vivre sans me réveiller et aller manger une goyave dans mon verger, c'est mon petit-déjeuner."
Raul Pazà franceinfo
Être tout près de la terre et des gens tellement simples qui sont là, à tout te donner, c'est une découverte et je suis très fier et très content que ça soit ainsi.
Est-ce difficile par moments de voir que ça n'avance pas, de se dire que, même en 2025, il n'y a pas de solution ?
Le plus difficile, c'est le matin. C'est de se réveiller chaque jour et voir que ça n'avance pas et qu'on n'a pas la solution. Je me rappelle quand on est rentré avec ma famille en 2009, on était plein d'espoir. On ne peut pas faire grand-chose, mais on veut être là, il faut qu'on soit là, pour apporter les petites choses qu'on a apprises à droite, à gauche. Il y avait beaucoup d'artistes. Malheureusement, la plupart est reparti parce que c'est compliqué. Moi, je tiens. Mais pour être sincère, très souvent, je me dis : "Il faut que je me casse". J'espère tenir.
Il y a une peur, qui est toujours présente, et en même temps, il faut continuer, rester debout, avancer ?
On fait partie du Cuba de demain et je crois que c'est important quand on transmet quelque chose à travers la musique et ses paroles, de rappeler qu'on est là. C'est une autre époque et cette époque est en train d'être volée d'une certaine façon, et cette vie est en train d'être volée. Il faut qu'on profite de cette vie qu'on a aujourd'hui. Je le dis souvent dans mes chansons, c'est important pour moi de raconter ce qui se passe, mais toujours en gardant ce côté, que la musique est là pour nous sauver, pas pour nous déprimer. À Cuba, même s'il y a tous ces problèmes, il y a les gens qui te sourient et qui sont avec toi.
No me digas que no, c'est une chanson qui a jalonné votre parcours. Ça veut dire "ne me dis pas non". En quoi cette chanson est importante pour vous ?
C'est la première fois que j'ai pris la décision d'être libre dans mon discours. C'est la première fois qu'en étant déjà de retour à Cuba, j'ai fait une chanson qui s'appelle "Ne me dis pas non. Dis-moi ce que tu veux, mais ne me dis pas non". C'est une chanson que j'ai faite avec un mec qui venait du reggaeton, donc la musique est un peu actuelle.
"Pour moi, c'était important de dire aux nouvelles générations, il faut donner une explication."
Raul Pazà franceinfo
Je n'avais plus la protection française d'être en dehors de mon pays pour pouvoir dire des choses. J'étais à l'intérieur. Cette chanson est devenue un symbole pour plein de gens à Cuba. Il y a une jeunesse qui la réclame dans les concerts et ça me démontre qu'on est là pour quelque chose et qu'on peut accompagner plein de monde à rêver.
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