"Très vite, j'avais envie de chanter devant les gens" : le chanteur Dave se confie dans ses mémoires
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 3 novembre 2023 : le chanteur Dave pour la publication de ses mémoires, "Comment ne pas être amoureux de vous", chez Talent Éditions.
Dave est un chanteur néerlandais considéré comme le Hollandais préféré des Français. Sa voix et son autodérision ont su conquérir le public, qui a toujours été au rendez-vous. Il a connu le succès dans les années 1970 avec des chansons francophones, comme Vanina et Du côté de chez Swann. Il vient de publier ses mémoires, Comment ne pas être amoureux de vous, chez Talent Editions.
franceinfo : Le point de départ de l'écriture de ce livre, c'est l'accident que vous avez eu le 29 janvier 2022 et qui a failli vous coûter la vie. Ça a été un élément déclencheur ?
Dave : En fait, j'ai couru dans les escaliers de ma maison et je suis tombé en arrière de trois mètres de haut. Et après, je ne m'en souviens plus, donc voilà, pas de mauvais souvenirs.
"Le titre me fait rire parce que j'ai des problèmes de mémoires immédiats depuis ma chute, donc il vallait mieux l'écrire avant qu'après."
Daveà franceinfo
Ce qui me fait rire surtout, c'est quand j'ai dit à l'éditeur qu'il y avait déjà eu deux bios sur moi, il m'a répondu : "Ils sont morts, les gens qui ont lu ça !"
Vous démarrez cet ouvrage sur votre enfance. Vous êtes né, Wouter Otto Levenbach à Amsterdam. Votre prénom n'était donc ni Dave ni David, ça l'est devenu plus tard. Mais ce que vous avez appris, c'est que le jour de votre naissance, votre père n'était pas là parce qu'il se cachait des milices allemandes nazies car il était juif. Quels souvenirs gardez-vous de cette enfance ?
J'ai des souvenirs, on ne peut plus heureux jusqu'au jour où je me suis rendu compte que mon père trompait ma mère avec notre femme de ménage. Je suis tombé sur des lettres très explicites et je les ai jetées sur son bureau, très fâché, non pas pour moi, mais pour ma mère. J'avais 18 ans et j'ai trouvé ça d'autant plus incroyable que cette femme de ménage est rentrée chez nous quand elle avait quatorze ans. Elle n'avait pas de mère et ma mère la traitait comme si elle était sa fille. Donc il y avait presque un côté incestueux. Et quelques mois après, j'ai entendu, des hurlements en bas et j'ai epnsé : "ça y est, elle sait". C'était dur pour ma mère parce qu'elle n'a jamais eu d'autres mecs, parce que ma mère était comme moi, une femme à un seul homme. Je ne suis pas une femme, mais je suis seulement à un homme.
Vous vouliez être pasteur au début. Votre but, c'était simplement d'être écouté ?
Mon père était donc d'origine juive mais il s'était converti au protestantisme. Ma mère était totalement athée, mes deux frères et ma sœur aussi. Il n'y avait donc que lui et moi qui allions à l'église. Le pasteur était une femme, très belle, qui parlait très bien. Et là, je pense que c'était aussi une forme de narcissisme et d'égocentrisme, mais j'avais envie d'être à sa place pour qu'on m'écoute et je suis rentré à l'université avec cette idée-là.
Vous avez étudié la théologie, ensuite le droit et vous avez mis du temps à vous dire que la musique allait devenir votre métier passion ?
Oui, c’est-à-dire que très vite, j'avais envie de chanter devant les gens. Donc quand j'étais au lycée, je chantais dans les petites soirées. Mais je ne pensais pas que ça pouvait rapporter des sous. Donc c'était vraiment un plaisir. Et ça drague bien quand tu chantes donc il y avait qui un côté narcissique aussi, il faut l'avouer.
Est-ce que vous avez perdu pied dans cette carrière avec tous ces succès ?
Un jour, je suis arrivé à la Maison de la Radio avec un tube, je vendais presque 20 000 disques par jour. Et les barrières du parking étaient fermées. J'ai klaxonné et le monsieur m'a dit : "Vous ne rentrez pas." Et là, je me suis entendu prononcer cette phrase que je regrette, qui est une phrase de quelqu'un qui a la grosse tête : "Mais enfin, vous ne voyez pas qui je suis ?" Donc je me suis dit à moi-même, calme-toi et depuis, je pense que ça va.
Vous dites que vous aimeriez bien être sur scène pour fêter vos 80 ans et enregistrer un album. Dans ce livre, vous dites : "Je suis déjà un vieux chanteur, mais je ne m'imagine pas un instant arrêter de chanter et de mettre fin à ma carrière. Chanter sur scène fait partie des meilleurs moments de ma vie". Est-ce que ça signifie que vous voulez mourir sur scène ?
Pas obligatoirement. Si je dois être dans un lit, ça peut être plus confortable. Mais je ne sais pas comment on peut dire : je ne veux pas être un vieux chanteur. Moi, je suis un vieux chanteur et je vais chanter le 21 juin au Grand Rex pour fêter ça.
Vous écrivez que vous aimeriez qu'en guise de conclusion, on écrive " ouf !" sur votre urne. Pourquoi ?
Le dernier truc qui m'a vraiment donné presque envie de pleurer, ce sont les photos de l'Ukraine.
"Quand je voyais des photos de la deuxième Guerre mondiale dans les années 1950, j'étais très jeune et ça me faisait peur."
Daveà franceinfo
Et je me disais, heureusement que ça n'arrivera plus jamais. Eh bien, ça arrive toujours aujourd'hui et demain, il y a toujours les guerres. Comment font-ils pour faire des horreurs ? On est tous pareils, même si on n'a pas la même défense, la même couleur de peau, la même religion. Je ne comprends pas et ça me fait peur. Donc c'est pour ça que je dis "ouf !", parce que ça sera la fin de la peur et ça sera le repos. Et puis il y a le verlan de ouf qui est fou donc ça me plaît bien aussi !
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