Législatives 2024 : une campagne marquée par la diffusion massive de fausses informations
La campagne des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 a été marquées par une forte désinformation, aussi bien du fait des ingérences russes en faveur de l'extrême droite mais aussi du fait des candidats, des partis et des personnalités politiques.
Les fausses informations se multiplient toujours lors des grosses actualités. On l'a vu ces dernières années avec la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, et les élections législatives anticipées de cet été 2024 n'auront pas fait exception. Elles auront même été le théâtre d'une augmentation massive de la désinformation, constatée par plusieurs études et des spécialistes du sujet, provenant aussi bien d'ingérences russes que des candidats, voire des partis, eux-mêmes.
L'ingérence russe pour faire monter l'extrême droite
Plusieurs études montrent une forte activité des réseaux pro-russes pendant ces législatives. David Chavalarias, directeur de recherche à la tête de l'Institut des systèmes complexes du CNRS et auteur d'une étude sur l'ingérence russe, parle d'une "véritable infiltration de l'espace informationnel français" qui ne date pas que de cette campagne électorale, mais qui est particulièrement active en ce moment, via des faux comptes sur les réseaux sociaux, des fausses publicités cherchant à cliver les électeurs, à polariser encore davantage le paysage politique.
"L'objectif est assez clair, selon le chercheur, il a été annoncé par Dimitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie en février dernier sur sa chaîne Telegram. Il s'agit de favoriser l'accession au pouvoir de partis antisystèmes qui seraient favorables à son régime par tous les moyens officiels et secrets, notamment parce que les démocraties européennes sont en conflit avec la Russie - par les sanctions à travers le conflit ukrainien."
Les réseaux pro-russes sont également soupçonnés d'être à l'origine de la création de plusieurs faux sites internet, notamment un site qui reprenait toute la mise en page du site officiel de Renaissance mais qui proposait une fausse "prime Macron" de 100 euros aux électeurs qui voteraient pour un candidat du parti présidentiel. Le parti Renaissance a dû passer par la justice pour réussir à faire supprimer le site. Son avocate, Maître Julie Jacob, a mis en demeure l'éditeur du site, puis son hébergeur, pour qu'il soit mis hors ligne.
Néanmoins, les conséquences réelles des ingérences russes sur le comportement des électeurs ne sont pas prouvées, voire sont "négligeables", selon Maxime Audinet, chercheur à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire et enseignant à l'université Paris-Nanterre, sur X.
Fausses images et tracts de candidats trompeurs
Outre les ingérences étrangères, la désinformation provient également, et en grande partie, des candidats et des partis eux-mêmes.
L'ONG AI Forensics, spécialisée dans l'observation de l'utilisation de l'intelligence artificielle, a constaté que l'extrême droite avait utilisé l'IA pour propager des messages anti-immigration et anti-Europe. Entre le 1er mai et le 28 juin dernier, juste avant le premier tour des législatives, l'ONG a repéré 51 fausses images générées par IA, les deux tiers ayant été diffusés par Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, les autres par le Rassemblement national et par Les Patriotes, mouvement de Florian Philippot.
La désinformation des candidats se concrétise aussi sur leurs tracts et leurs bulletins de vote. Plusieurs circonscriptions ont été surprises de voir deux candidats se réclamant du Nouveau Front populaire, notamment en Seine-Saint-Denis où s'affrontaient des députés La France insoumise sortant qui n'avaient pas été réinvestis et les candidats officiels du Nouveau Front populaire.
Des partis ont également eu à faire supprimer leur logo de la propagande électorale de plusieurs candidats qui n'avaient pas été investis. Dans les Hauts-de-Seine, Sébastien Phan avait, par exemple, mis les logos de plusieurs partis qui ne l'avaient pas investi sur ses tracts et ses bulletins de vote. Place publique, le parti de Raphaël Glucksman, situé à gauche de l'échiquier politique, a saisi la justice pour "garantir la sincérité du vote". Maître Julie Jacob, l'avocate de Renaissance, a aussi saisi la justice et a réussi à faire détruire ces documents trompeurs. Elle a eu à gérer une dizaine d'affaires de ce type.
L'avocate, qui suit le parti d'Emmanuel Macron depuis sa création et a déjà vécu plusieurs campagnes, s'inquiète auprès de franceinfo d'une "augmentation massive" de la désinformation pendant ces législatives. "La manipulation de l'information est vraiment préoccupante", à ses yeux.
Les politiques s'accusent et jettent le flou
Cependant, le camp présidentiel n'est pas en reste. Il est accusé de diffusion de fausses informations par La France insoumise, qui a saisi la justice en référé pour diffusion de fake news. Une procédure assez rare, inscrite dans la loi seulement depuis 2018. LFI reproche à Renaissance d'avoir mis en ligne un simulateur censé montrer ce que serait le système de retraites après application du programme du Nouveau Front populaire, mais qui serait trompeur.
C'est une illustration de la désinformation ou des soupçons de désinformation en provenance des partis politiques eux-mêmes ou de leurs personnalités médiatiques. Les habituels accusations entre les politiques qui visent à se décrédibiliser les uns les autres et qui jettent le flou sur les programmes des adversaires. Ainsi va l'accusation mensongère de Marine Le Pen qui affirme que l'écologiste Sandrine Rousseau veut ponctionner l'épargne des Français.
Pour compléter ce tableau, l'une des dernières fausses informations en date concerne deux sujets cibles de fake news : les législatives et les Jeux olympiques. Selon un article du Point et du JDD, les JO pourraient être annulés à cause du contexte politique. Mais c'est faux, le Comité international olympique a démenti.
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