Vrai ou faux
Condamnation de Nicolas Sarkozy : le document libyen révélé par Mediapart est-il un faux, comme l'affirment certains de ses soutiens ?

Depuis la condamnation de Nicolas Sarkozy, à cinq ans de prison ferme, dans l’affaire dite du financement libyen de sa campagne de 2007, certains de ses soutiens assurent que la justice aurait reconnu comme faux le document publié par Mediapart en 2012. Ce n’est pas ce que dit le jugement.

Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Nicolas Sarkozy lors de son procès pour financement illégal de campagne, au palais de justice du Tribunal de Paris, le 25 mars 2025. (HUGO MATHY / AFP)
Nicolas Sarkozy lors de son procès pour financement illégal de campagne, au palais de justice du Tribunal de Paris, le 25 mars 2025. (HUGO MATHY / AFP)

En 2012, Mediapart révèle un document daté de 2006, signé par Moussa Koussa, alors chef des services secrets libyens. Ce texte fait état d’un "accord de principe" pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros. Cette publication a marqué un tournant : jusque-là, des soupçons existaient, mais il n’y avait pas de preuve matérielle. Cette note est ainsi devenue un élément déclencheur de l’enquête.

Contrairement à ce qu’affirment certains soutiens de Nicolas Sarkozy depuis sa condamnation jeudi 25 septembre, le tribunal n’a pas reconnu que ce document était un faux. Dans son jugement, il est écrit qu'au regard des enquêtes déjà menées, il "apparaît probablement que cette note est un faux'. Une nuance importante : la justice évoque une probabilité, pas une certitude.

Par ailleurs, les juges avaient déjà été saisis à trois reprises par l'ex président de la République Nicolas Sarkozy, qui accusait Mediapart d’avoir publié un "faux grossier". Chaque fois — en première instance, en appel et en cassation — il a perdu son procès. 

Un document trop fragile pour peser dans le jugement

Durant cinq ans, des experts, graphologues et diplomates ont été sollicités sans qu’aucune preuve d’un montage ou d’une fausse signature ne soit établie. Un doute subsiste néanmoins sur une date mentionnée dans le texte, évoquant une réunion à laquelle aurait participé Brice Hortefeux, un proche de Nicolas Sarkozy, alors que son agenda ne correspond pas. "Il y a pu y avoir un problème de date", a toujours admis Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, mais cela ne suffit pas à qualifier la note de faux. La justice a été claire la dessus et a totalement blanchi le site d'investifation en ligne. 


Jeudi 25 septembre 2025, le tribunal a été clair : ce document, bien qu’utilisé au début de l’enquête, était trop fragile pour constituer une preuve. Le Parquet national financier (PNF) ne s’est d’ailleurs pas appuyé dessus dans ses réquisitions. L’ex-président de la République a été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs, mais la "note libyenne" n’a pas été retenue comme un élément déterminant dans cette décision.

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