Vrai ou faux
Royaume-Uni : le gouvernement veut-il interdire les drapeaux dans l'espace public ?

Des centaines de drapeaux sont accrochés par des citoyens dans les rues du Royaume-Uni depuis plusieurs semaines, mais de nombreux internautes affirment que les autorités locales veulent les interdire.

Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un membre des Worcester Patriots descend une échelle après avoir attaché un drapeau Union Jack sur un lampadaire à Worcester, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 3 septembre 2025 (photo d'illustration). (PAUL ELLIS / AFP)
Un membre des Worcester Patriots descend une échelle après avoir attaché un drapeau Union Jack sur un lampadaire à Worcester, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 3 septembre 2025 (photo d'illustration). (PAUL ELLIS / AFP)

Des internautes scandalisés partagent, début septembre, une capture d'écran d'un article du Daily Mail intitulé : "Le gouvernement envisage d'interdire de brandir le drapeau anglais dans l'espace public". La capture d'écran a été partagée dans plus de 8 000 postes, vue par plus de deux millions de personnes dans douze pays et huit langues différentes. Selon ces internautes, le gouvernement britannique prendrait cette décision pour ne pas embêter les migrants.  

D'autres internautes surenchérissent en partageant la photo d'une femme qui a été interpellée, selon eux, car elle brandissait l'Union Jack, le drapeau britannique. Une rumeur partagée notamment par Elon Musk, le patron de X, qui lui a ainsi donné encore plus d'échos.

Les autorités britanniques ne veulent pas interdire les drapeaux

Mais c'est faux. Le Daily Mail n'a jamais publié cet article. C'est une fausse capture d'écran qui circule. Surtout, le gouvernement britannique n'envisage pas d'interdire ni le drapeau anglais – la croix de St George, rouge sur un fond blanc – ni le drapeau britannique, expliquent Newsguard et Reuters.

Par ailleurs la femme qui a été interpellée l'a été, non pas pour avoir brandi un drapeau, mais pour être entrée dans un bâtiment dans lequel elle n'avait pas le droit d'aller, car elle participait à une manifestation dans le parcours avait été précisément délimité, a expliqué la police d'Essex.

Cette désinformation sur les drapeaux anglais et britannique alors que le drapeau est devenu une sorte de symbole de la résistance, aux yeux des conservateurs. Tout a commencé en juillet, selon la BBC. En juillet, une adolescente, qui portait une robe aux couleurs de l'Union Jack, a voulu lire un texte à la gloire du Royaume-Uni lors de la journée de la diversité dans son école, mais elle en a été empêchée par l'établissement parce que, selon son père, ce n'était pas le bon jour pour célébrer la culture britannique.

"Hisser les couleurs"

C'est en réaction que des citoyens britanniques ont commencé à accrocher des drapeaux dans les rues, sur les lampadaires, à en dessiner sur les ronds-points, les passages piétons, d'abord à Birmingham puis dans d'autres villes. L'opération "Raise the Colours", "Hisser les couleurs", était lancée.

Par la suite, la ville de Tower Hamlets a enlevé les drapeaux attachés sans autorisation à des infrastructures publiques, au nom de l'entretien de ces infrastructures. La ville de Birmingham a alerté sur les dangers de ces drapeaux mal accrochés qui peuvent tomber sur les piétons et en a décroché en vue de futurs travaux sur le réseau d'éclairage public. Il n'en fallait pas plus pour que certains amplifient encore les choses et dénoncent une interdiction totale du drapeau.

Une fausse information relayée massivement par les partisans de l'extrême droite britannique, notamment les leaders de Britain First, ce mouvement politique qui a organisé plusieurs dizaines de manifestations anti-migrants au Royaume-Uni entre juillet et août, après qu'un migrant a été accusé d'agression sexuelle.

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