Quel avenir pour l'Espagne, où le gouvernement, minoritaire, est très fragile ?

Focus cette semaine sur l'Espagne, avec des échéances électorales à venir sur les 3 prochaines années, dans un contexte de grande fragilité pour le gouvernement actuel.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La situation du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui n'a pas de majorité au Parlement, devient intenable. (CHEMA MOYA / EFE / MAXPPP)
La situation du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui n'a pas de majorité au Parlement, devient intenable. (CHEMA MOYA / EFE / MAXPPP)

Pour faire le point sur la situation en Espagne, José-Manuel Lamarque a invité le journaliste Juan José Dorado, correspondant de la presse espagnole à Paris.

franceinfo : Trois années électorales en perspective, avec les élections municipales, provinciales et législatives d'ici 2028 ?

Juan Jose Dorado : Oui, et les premières seront pour désigner le gouvernement de l'Andalousie en 2026. En 2027, il devrait y avoir des élections législatives, municipales, mais aussi pour les autres gouvernements autonomes de Catalogne, Pays basque. Techniquement, il faut attendre au moins jusqu'à 2026, mais peut-être aura-t-on une surprise avant, vu la situation du gouvernement actuel de coalition, une coalition entre le parti socialiste de Pedro Sanchez et l'alliance Sumar qui regroupe des partis de gauche radicale.

Pourquoi la situation est-elle fragile pour le Premier ministre Pedro Sanchez ?

Il n'a pas de majorité au Parlement. Ainsi, l'Espagne n'a pas toujours de budget. On a approuvé un budget en 2023, on l'a prolongé en 2024 et 2025. Donc on a toujours le budget de 2023 voté en novembre 2022 par des députés qui ne sont plus députés ! C'est un gouvernement qui ne peut pas sortir de lois, donc il travaille énormément avec des décrets. Prenons l'exemple du traité d'amitié franco-espagnole, signé il y a deux ans et demi du côté de Barcelone, lors du sommet bilatéral France Espagne. C'était le troisième traité d'amitié entre les deux pays, il vient d'être rejeté par le Parlement.

Pourtant ce traité ne présente pas un enjeu considérable ?

En réalité, c'est une question de politique interne. Certains partis, y compris parmi la coalition gouvernementale, sont opposés à certaines clauses de ce traité. Ils en ont profité pour envoyer un message au gouvernement : "Tu vois le traité, il va falloir le représenter, et si tu veux qu'on l'approuve, il va peut-être falloir faire des concessions dans d'autres domaines." Et pendant ce temps, on a un chiffre qui fait assez mal : l'Espagne reste le pays de toute l'Union européenne où le chômage est le plus important, supérieur à 10%, même la Grèce fait mieux que l'Espagne.

Combien de temps va tenir Pedro Sanchez dans des conditions pareilles ?

Le Parti socialiste de Monsieur Sanchez a mis en marche ses stratégies électorales. Les congrès du parti ont été avancés dans toutes les régions espagnoles. Des ministres actuels se positionnent comme candidats aux prochaines élections, notamment en Andalousie avec la vice-présidente du gouvernement. On voit dans les ministères, et notamment dans le cabinet du président, que la machinerie électorale est en marche. Donc, entre nous, même si le Premier ministre continue à dire qu'il ira jusqu'en 2027 (alors qu'il n'a pas de majorité), je pense sincèrement qu'il va avancer les échéances électorales. N'oublions pas aussi que le frère de Pedro Sanchez est poursuivi par la justice espagnole, tout comme sa femme et son ancien bras droit. Par ailleurs, une enquête est ouverte sur le président du parquet espagnol, qui est un de ses proches. Vous voyez, tous les voyants sont au rouge.

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