Le géant de l’analyse ADN, 23andMe, fait faillite : quel avenir pour les profils génétiques de ses 15 millions de clients ?

Le procureur de Californie demande aux clients de la société de récupérer leurs dossiers et recommande de détruire la version disponible en ligne.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ADN est un matériau unique à chaque individu, qu'il convient de protéger. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)
L'ADN est un matériau unique à chaque individu, qu'il convient de protéger. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

23andMe était une des belles histoires de la Silicon Valley. Elle a vu le jour en 2006 à San Francisco avec à sa tête Anne Wojcicki qui épousa en 2007 le cofondateur de Google, Sergey Brin. Au pic de sa gloire, la compagnie est valorisée 6 milliards de dollars. Son offre est simple : il vous suffit d’expédier un peu de votre salive dans une éprouvette par courrier, de régler entre 100 et 200 dollars en fonction des informations souhaitées et vous recevez en retour votre analyse détaillée d’ADN. Explications sur l’origine de vos ancêtres, localisation de personnes de votre famille, descriptions de vos caractéristiques génétiques, etc. soit des masses de données très personnelles. Au total, ce sont 15 millions de personnes qui ont transmis leur patrimoine génétique à cette société commerciale.

Un échec commercial faute de clients récurrents

Oubliée la valorisation en milliards de dollars, aujourd’hui elle serait plutôt de l’ordre de 20 millions de dollars. Avec des pertes qui ne cessent de se creuser. C’est la faute à l’absence de récurrence de chiffre d’affaires étant donné que les clients passent commande une fois pour toutes, et ne semblent pas intéressés par des services supplémentaires. Ce qui oblige à conquérir en permanence une nouvelle clientèle.

Ce un matériau peut attirer les convoitises. C’est la raison pour laquelle le procureur général de Californie appelle cette semaine dans un communiqué officiel les clients – où qu’ils se trouvent dans le monde et donc également en France – à se connecter rapidement sur leur compte à partir du site Internet de la société.

Afin de télécharger une ultime fois leur dossier personnel s’ils le souhaitent, mais aussi et surtout pour détruire ensuite celui-ci de manière permanente. Il s'agit d'éviter qu’il soit commercialisé sans leur consentement ou récupéré par des pirates qui en profiteraient pour capter cette gigantesque base de données.

Quel avenir pour ces millions de profils génétiques ?

C'est d’autant plus important que les informations qui s’y trouvent ne peuvent faire l’objet de changement pour se protéger, comme on le fait lorsque des mots de passe ont été piratés. Notre ADN nous est propre et demeure dans le temps. Ce peut être aussi l’occasion de révoquer l’autorisation que les clients auraient accordée à des tiers – une notion contractuelle somme toute assez vague – d’utiliser ces bibliothèques comme matériau d’analyse ou de recherche, dès lors qu’on ne sait pas qui pourrait désormais récupérer ces fichiers.

Un indispensable retour à la réalité après la phase d’enthousiasme à l’idée de partir à la découverte de son identité génétique.

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