Profession : reporter. Entre Barkhane et les djihadistes au Sahel, comment exercer ce métier ?
Dans un Sahel gangrené par le terrorisme, les journalistes étrangers travaillent en lien avec les militaires de Barkhane. Trop dangereux de s'aventurer seul dans la zone. Les reporters locaux essaient de garder un contact avec la population des provinces reculées. Au Mali, en dépit du danger, les journalistes de Studio Tamani ne renoncent pas à sortir de Bamako.
Entre l'annonce de la mort, d'un côté de soldats de l'opération Barkhane tombés pour la France, de l'autre, de chefs djihadistes abattus lors d'une offensive, difficile de savoir ce qui se joue réellement au Sahel, notamment dans cette zone des trois frontières, le Liptako Gourma aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Les journalistes étrangers peinent à entrer dans cette zone
Une zone où se propagent le terrorisme, les violences inter-ethniques attisées par les groupes armés, les fausses logiques d'attaques et de représailles, les actions commandos contre les forces militaires, l'impuissance de la Minusma, mission des Nations Unies au Mali.
Personne n'oubliera jamais Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués à la sortie de Kidal, le 2 novembre 2013. Ces journalistes de Radio France Internationale étaient ici en reportage dans une région qu'ils connaissaient bien. Et rares sont ceux qui se sont aventurés au Sahel depuis sans être "embedded" par l'armée. Ou par des forces spéciales. Aller seul à la rencontre des populations dans le désert ou dans la zone des trois frontières est trop dangereux.
Dans les provinces les plus reculées, l'absence de journalistes est une aubaine pour les propagandes. Dissuader les reporters de venir pour des raisons sécuritaires, c'est contrôler les flux de l'information et surtout de la désinformation. Personne ne sait ce qui se joue sur place. Même les Forces Armées Mailiennes, les FAMA ont été accusées d'exactions. Les rédactions occidentales n'ont pas d'autre choix que de s'embarquer avec les militaires européens, mais pour rapporter une version de la crise qui sera celle de l'armée.
Il faut alors s'en remettre aux journalistes locaux qui bravent le danger
Familiers du terrain, ils perçoivent mieux les dangers ,mais ne sont pas pour autant à l'abri d'un guet-apens, de pressions pouvant aller jusqu'aux meurtres. La profession de reporter est rendue compliquée par le fait de la dépendance d'une majorité de médias au politique et à l'économie.
Une indépendance mise à mal, à laquelle s'ajoute une forme de bénévolat. On ne vit pas forcément du métier de journaliste. Beaucoup ne sont pas rémunérés. Autre vecteur de confusion, tout le monde s'auto-proclame journaliste : bloggeurs, communicants, citoyens, partisans. L'information fiable et certifiée se retrouve diluée dans le bruit ambiant.
Raison pour laquelle il y a sept ans, la Fondation Hirondelle a lancé le Studio Tamani au Mali. L'ONG Suisse s'engage à accompagner des médias audiovisuels et numériques dans la pratique d'un journalisme en zone de conflits, post-conflits ou au sein d'états fragiles. L'idée étant de délivrer une information fiable et vérifiée, sur des terrains vulnérables à la propagande. Le reportage de terrain, aller pour raconter et donner la parole, est la valeur cardinale de la profession.
Au Mali, le programme "Grands Dialogues" initie la culture du débat
Une émission qui instaure des échanges entre communautés et groupes qui n'étaient pas habitués à échanger. Voire, les parties prenantes de crise qui voient avec ce programme la possibilité d'introduire une forme de médiation.
Les reporters de Studio Tamani sortent de Bamako mais ne vont pas comme ils le voudraient dans les zones contrôlées par les djihadistes. Mais ils ne se privent pas de porter à l'antenne ou sur le web la réalité du terrain. Ce travail des reporters africains au service de l'information - pour relancer les processus de paix en respectant les nuances et la complexité des situations - est ici à saluer.
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