Michel Hazanavicius pour son "Carnet d'Ukraine", et le succès des expositions immersives dans l'art

Dans Tout Public du mercredi 19 février 2025, Michel Hazanavicius pour son livre de témoignages et de croquis "Carnet d'Ukraine", le succès des expositions immersives à l’occasion de l’ouverture de l’exposition "Picasso - L'art en mouvement" à l’Atelier des Lumières, et la sortie du documentaire "Brian Jones & les Rolling Stones" au cinéma.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Michel Hazanavicius, auteur de "Carnet d'Ukraine". (STEPHANE GEUFROI / MAXPPP)
Michel Hazanavicius, auteur de "Carnet d'Ukraine". (STEPHANE GEUFROI / MAXPPP)

Ce Carnet d'Ukraine écrit et illustré par Michel Hazanavicius est né d'une vente aux enchères, organisée à l'initiative du réalisateur lui-même, qui lui a permis de récolter 250 000 euros, et de partir "plusieurs fois en Ukraine" pour venir en aide au pays en guerre, jusqu'à ce que ce dernier décide de se rendre directement sur le front. Là-bas, il enchaîne les rencontres, et il est étonné de la diversité des profils des soldats présents sur le front. "Je voulais les rencontrer pour leur donner la parole, pour leur donner des visages, confie l'auteur. Parce qu'en fait, les gars qui sont là-bas, ce sont des ferronniers, ce sont des avocats, des chefs d'entreprise, des ébénistes, des acteurs… Il y a toute la société civile qui est là-bas, qui se bat tous les jours. Et je voulais aller voir ces gens qui nous ressemblent tellement."

"Les premières fois que j’allais à Kiev, je me disais ‘c’est nous en guerre’."

Michel Hazanavicius

franceinfo

Et en effet, le réalisateur de The Artist confie avoir eu "le sentiment qu'on pouvait se retrouver exactement dans leur situation". "Eux, avant la guerre, c'est nous maintenant", résume-t-il. Et alors qu'il explique que la guerre était auparavant associée dans son esprit à un temps révolu, ce qui lui donnait "au début l'impression de faire un voyage dans le passé", il partage s'être ensuite demandé s'il ne s'agissait pas plutôt d'"un voyage dans le futur", étant donné la proximité que partagent la France et l'Ukraine en termes culturel et institutionnel, et les temps que traverse la France actuellement.

Michel Hazanavicius salue par ailleurs la "grande intelligence" de l'armée ukrainienne à laisser les talents de chacun s'exprimer, "ce qui oblige chacun à donner le meilleur de ce qu'il est capable de donner". C'est le cas du chanteur ukrainien Kolia, "engagé dès les premiers jours du conflit", et fondateur des "Forces culturelles", qui organise des concerts auprès des soldats. L'organisation a été "intégrée par l'armée" quand cette dernière s'est rendu compte "de l'utilité qu'elle avait sur le front", explique le réalisateur. Un dispositif que Michel Hazanavicius juge "essentiel, parce qu'il reconnecte les soldats qui sont dans des situations invivables avec leur humanité".

Carnet d'Ukraine (éditions Allary), disponible dès maintenant en librairie.

Les expositions immersives ont la cote

L'Atelier des Lumières à Paris accueille une nouvelle exposition immersive sur la star de l'art contemporain Pablo Picasso intitulée "Picasso – L'art en mouvement", et qui ne manquera pas d'attirer un large public. Un succès sur lequel a voulu se pencher l'équipe de Tout Public. Olivier Picasso, petit-fils du peintre, interrogé dans le cadre du reportage d'Anne Chépeau, voit cette transposition des œuvres de son grand-père de manière très pragmatique. "On est à la croisée des chemins aujourd'hui, avec l'arrivée de nouvelles technologies qui sont en train d'aller au-devant d'un public qui a changé, estime ce dernier. Les nouvelles générations sont habituées à aller vite, à scroller sur les écrans de téléphone, à s'ennuyer vite. Donc il faut absolument prendre en compte deux choses : d'abord, une volonté éducative d'apprendre qui est Picasso, sa vie, son œuvre ; et puis offrir une lecture différente [de l'œuvre], qui va vers une forme de divertissement, ce qui peut paraître atypique, mais qui est nécessaire face à de nouveaux modes de consommation de la culture."

Pour Jessica de Bideran, maîtresse de conférences spécialisée sur l'impact du numérique dans les formes de médiation culturelle à l'Université Bordeaux-Montaigne, il serait plus juste de comparer cette expérience souvent qualifiée de "muséale" à une "expérience cinématographique". "On est dans quelque chose qui est de l'ordre de la projection (…), ce n'est pas la même expérience culturelle, juge l'universitaire. C'est pourquoi il faut complètement les différencier."

À cela s'ajoute le fait que les musées, contrairement aux centres culturels immersifs comme L'Atelier des Lumières, mettent en place "toute une série de dispositifs, d'outils, de propositions, de médiations, qui ont pour objectif de parler à des publics les plus larges possibles". Cela sans compter le coût de l'entrée, là où celui des expositions immersives n'entre pas forcément dans le budget de tous les types de public. "Quand on confronte le coût d'une entrée étudiante dans un musée avec le coût de ces spectacles ou expositions immersives, on est quand même sur un delta très important", commente Jessica de Bideran.

Le docu qui met en lumière les archives sur Brian Jones

Côté cinéma, cette semaine est marquée par la sortie du documentaire Brian Jones & les Rolling Stones de Nick Broomfield, qui retrace la vie légendaire mais éphémère du musicien multi-instrumentiste et fondateur du groupe Rolling Stones.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et d'Anne Chépeau, journalistes au service culture de franceinfo.

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