Flore Benguigui et Chloé Thibaud pour "Ni muses, ni groupies" et un documentaire pour comprendre Donald Trump et Vladimir Poutine

Dans Tout Public du 12 mars 2025, féminisme et musique avec le nouveau livre de Chloé Thibaud, préfacé par la chanteuse Flore Benguigui et regard sur les relations entre Amérique et Russie, dans le documentaire du journaliste Antoine Vitkine.

Article rédigé par franceinfo
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La chanteuse Flore Benguigui, invitée de l'émission "Tout public", le 12 mars 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
La chanteuse Flore Benguigui, invitée de l'émission "Tout public", le 12 mars 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À l'heure où l'information est bringuebalée et à l'aube d'un potentiel appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine au sujet du cessez-le-feu sur le front ukrainien, le journaliste Antoine Vitkine revient sur la relation entre les deux chefs d'États dans son nouveau documentaire Opération Trump - Les espions russes à la conquête de l'Amérique. Si le réalisateur se dit "absolument convaincu que Trump n'est pas un agent russe", il n'en demeure pas moins pour ce dernier que, "les Soviétiques, ont travaillé, ont cultivé Trump. Cela ne fait pas de doute."

Si bien que maintenant, "pour les Russes, Trump représente certainement plus une sorte d'idiot utile, plus ou moins volontaire et plus ou moins conscient de se positionner dans les intérêts russes. Quelqu'un qu'on peut influencer, manipuler parce qu'on a noué avec lui des liens sur le temps long."

"Je ne sais pas ce qui guide Donald Trump. Quand il était businessman, c'était d'abord son intérêt. Mais aujourd'hui je ne sais pas, et je vois chez Donald Trump quelque chose d'assez inquiétant, qui est finalement une sorte d'alignement idéologique, une sorte de vision du monde commune avec avec la Russie."

Antoine Vitkine

Au-delà d'ingérences outre-Atlantique, la Russie mène une guerre informationnelle, qu'elle qualifie elle-même d'hybride, aux démocraties européennes. Cette adversité russe vis-à-vis de l'Occident s'explique pour Antoine Vitkine par le fait que "Vladimir Poutine ne craint rien plus que la contamination démocratique en Russie qui mènerait à sa perte du pouvoir". La directrice générale de la DGSI est d'ailleurs revenue mercredi 12 mars au micro de franceinfo sur plusieurs de ces cas et notamment sur les étoiles de David peintes en bleu par dizaines sur des murs à Paris, action commanditée par la Russie et visant selon la DGSI à "faire monter le débat et fracturer la population française sur ce sujet."

Opération Trump - Les espions russes à la conquête de l'Amérique, d'Antoine Vitkine, disponible sur france.tv

"Ni muses, ni groupies" ou la misogynie de l'industrie musicale

Dans le nouvel ouvrage Ni muses,ni groupies de Chloé Thibaud, préfacé par Flore Benguigui, ancienne chanteuse du groupe L'Impératrice, le constat des deux autrices est sans appel : l'industrie musicale est régie par les hommes.

En premier lieu, le manque de modèles féminins. Qu'il s'agisse de compositrices classiques ou de figures scéniques, ce manque de représentation frappe Chloé Thibaud et Flore Benguigui au cours de leurs parcours musicaux. 

“Tous mes modèles artistiques, même au-delà de la musique, étaient des modèles masculins. Et c'est vraiment quelque chose que j'ai dû faire l'effort de déconstruire. C'est actif, ce n'est pas passif. Il faut maintenant devenir actif et c'est important pour eux, pour les gens dans la musique, mais aussi pour les auditrices en général.”

Flore Benguigui

Pour la première, ce constat provoque un "déclic" entraînant un "éveil féministe" quand il fait naître chez la seconde un syndrome de l'imposteur. "D'ailleurs, je trouve ça toujours très étrange que cette expression soit genrée au masculin, alors que ce sont uniquement des femmes qui le ressentent", confie cette dernière au micro de Tout Public. 

Cette question de sémantique se retrouve au cœur même du livre présenté par les deux musiciennes puisque, "les mots 'muse' et 'groupie' n'ont pas d'équivalents masculins". "On a grandi dans un monde qui nous a appris que les femmes n'étaient pas celles qui créaient, mais seulement celles qui inspiraient les artistes ou bien qui interprétaient ce qu'on voulait bien écrire pour elles". Ce sexisme systémique, ici dans l'industrie musicale, ne laisse donc que peu de places aux femmes ou les écrase comme peut en témoigner le départ de Flore Benguigui du groupe L'Impératrice, exclusivement composé d'hommes, dont elle se sépare suite à un épuisement psychologique.

Appuyé par les chiffres des dernières années, dans lesquels seuls 10% des lauréats de la catégorie "meilleur album" sont des femmes, ce constat ne pourra, d'après Chloé Thibaud, trouver comme réponse qu'une parité respectée dans les grands postes décisionnaires de l'industrie. 

“Aujourd'hui, force est de constater, en tout cas depuis 2017 et le mouvement MeToo qu'on entend, qu'on laisse un peu plus de place à ces paroles féministes. Maintenant oui, on les entend plus, mais est ce qu'on les écoute plus ? Je ne suis pas sûre.”

Chloé Thibaud

Ni muses ni groupies - Une histoire féministe de la musique, (éditions Leduc), disponibles dès maintenant en librairie 

Une émission avec la participation de Yann Bertrand, journaliste au service culture de franceinfo.

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