La Turquie envisage d'envoyer des troupes en Libye
La guerre dans ce pays d'Afrique du Nord est en train de devenir une affaire régionale. Avec l’annonce ce 26 décembre du président turc : il veut envoyer des troupes au sol sur le territoire libyen.
Il faut mesurer l’importance de cette décision du président Erdogan. En un mot, elle veut dire "escalade". Le conflit en Libye, entre le gouvernement de Tripoli de Fayez Al Sarraj à l’Ouest, et les forces du maréchal Haftar à l’Est, n’est plus du tout une guerre exclusivement libyenne. C’est désormais une guerre internationale par procuration. Avec déjà 1000 morts à la clé. Le président turc l’a donc annoncé ce jeudi 26 décembre : il va solliciter début janvier un vote du Parlement pour déployer des troupes aux côtés de l’armée de Tripoli. La réponse des députés turcs ne fait guère de doute : ce sera oui. Depuis de longs mois, la Turquie aidait déjà le gouvernement de Sarraj avec l’envoi de drones et de blindés. Puis avec la mise en place d’un dispositif de formation des troupes. Cette fois, ça va beaucoup plus loin : l’idée c’est bien une intervention directe, l’envoi de soldats turcs sur le terrain. Comme en zone kurde en Syrie. Erdogan ne s’en cache d’ailleurs pas. Il dit : "Nous évaluerons tous les types de soutien militaire, au sol, sur mer, dans les airs".
Soutien turc d’un côté, soutien égyptien de l’autre
La Turquie fait face indirectement en LIbye à un adversaire qui est l'Egypte. Et là encore, ça se passe désormais à visage découvert : l’Egypte fait bloc derrière le maréchal Haftar, qui depuis avril dernier, a lancé une offensive pour reconquérir Tripoli et l’Ouest du pays. Là encore, livraison de drones, soutien aérien, conseil militaire. Il faut dire qu’Haftar présente de nombreux points communs avec le président égyptien Sissi : ce sont des militaires qui justifient leur autoritarisme en se posant comme rempart contre le terrorisme islamiste. Il y a donc en fait une guerre entre la Turquie et l’Egypte. Pour compliquer encore les choses, il y a en plus d’autres parrains. Derrière la Turquie, il y a le Qatar, qui aide le gouvernement de Tripoli. Derrière l’Egypte, il y a les Emirats Arabes qui fournissent également des avions au maréchal Haftar. Et la Russie : tout indique que des centaines de mercenaires russes de la compagnie privée Wagner, très liée au Kremlin, sont présents sur le terrain. Les Etats-Unis sont aux abonnés absents. L’Europe aussi, d’autant qu’elle est divisée. L’Italie est plutôt derrière Sarraj, la France est ambigüe et soupçonnée de vouloir favoriser Haftar.
Le gaz et le pétrole dans le viseur
Tous ces pays mettent autant de moyens en Libye pour deux raisons. La première est idéologique : c’est une lutte pour le leadership dans le monde musulman. D’un côté les partisans de l’organisation des Frères Musulmans (le Qatar, la Turquie) ; de l’autre les opposants résolus aux Frères (l’Egypte, les Emirats). Le deuxième enjeu est économique : les convoitises sur les hydrocarbures de la Libye. Les puits de pétrole déjà existants sur le sol libyen, et plus encore les énormes réserves en mer, dans les eaux territoriales situées au Nord-Est du pays, près de la Grèce et de Chypre. Huit ans après l’intervention occidentale en Libye, tout est réuni pour faire du pays un baril de poudre dans les semaines qui viennent. Les six millions de Libyens sont devenus des pions dans un règlement de comptes qui les dépasse.
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