Assurance maladie : le trafic des fausses ordonnances en pleine explosion

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Article rédigé par France 2 - M. Buisson, L. Legendre-Trousset, J. Ababsa, J. Cochen-Olivieri - Édité par l'agence 6Medias
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Le nombre d'ordonnances falsifiées s'est envolé en 2024, selon le rapport de l'Ordre des médecins. Ce qui coûte cher aux finances de l'Assurance maladie, et favorise le trafic de médicaments.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Des fausses ordonnances, Agnès Buyck, pharmacienne, en voit passer au moins trois chaque mois, imitées dans les moindres détails. "C'est une belle écriture, c'est très joli, c'est très bien écrit et tout ça. Voilà, par exemple, celui-ci typiquement : 22 unités, deux fois par jour. Déjà, le Lantus, ça se fait qu'une fois par jour, donc ça va faire un petit peu de tilt", confie-t-elle.

Les patients qui se présentent viennent souvent d'autres départements, parfois sans carte Vitale, avec des prescriptions pour une quantité maximum de boîtes. "Des médicaments remboursés pour le diabète, des anticoagulants essentiellement, voire des médicaments chers dont le but est de les revendre derrière", poursuit la pharmacienne.

Les faussaires trafiquent des ordonnances volées chez les médecins ou les fabriquent de toutes pièces avec l'IA. Une pratique qui surprend autant qu'elle choque. "On sait qu'il y a un problème de la Sécurité sociale, donc si ça vient en plus renforcer ce déficit parce qu'il y en a qui fraudent, on est tous perdants", déplore une cliente. "C'est quelque chose qui ne fait pas partie des valeurs civiles, on va dire, donc c'est choquant", ajoute un homme.

85 incidents déclarés par les médecins en 2023, plus de 300 en 2024

Le phénomène a explosé : 85 incidents déclarés par les médecins en 2023, plus de 300 en 2024. Les fausses ordonnances font l'objet d'un trafic. Même les spécialistes sont touchés. Une ophtalmologiste a été alertée par l'Assurance maladie pour une ordonnance suspecte. "En l'occurrence, c'était sur des fausses prescriptions de lunettes, avec effectivement mon ordonnance qui avait été scannée et un patient que je n'avais jamais vu. Il n'y a que moi qui pouvais dire que ce n'était pas mon patient", explique le Dr. Barbara Ameline, vice-présidente du Syndicat National des Ophtalmologistes de France. Et ce, pour des lunettes à plusieurs centaines d'euros. "Ils peuvent se faire rembourser d'une paire de lunettes qu'ils n'ont jamais faite. C'est de l'argent cash", poursuit la spécialiste.

Pour lutter contre la fraude, des ordonnances sécurisées avec un filigrane, comme sur les billets de banque. Mais elles sont obligatoires seulement pour les médicaments contenant de la codéine.

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