Vidéo "Il y a 80% d'augmentation de cancers chez les jeunes", alerte Yasmine Belkaid, directrice générale de l'Institut Pasteur

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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L'Institut Pasteur lance le Pasteurdon 2025, son appel aux dons annuel, jeudi 9 octobre. Yasmine Belkaid, directrice générale de l'Institut Pasteur, est l'invitée de Léa Salamé dans le "20 heures".

Ce texte correspond à la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien.


Léa Salamé : Est-ce qu'on sait pourquoi il y a de plus en plus de jeunes qui ont des cancers ?

Yasmine Belkaid : En trois décennies, il y a 80 % d'augmentation de cancers chez les jeunes. Ce ne sont pas nos gènes qui ont changé, c'est l'environnement. C'est notre nutrition. L'obésité, par exemple, peut favoriser le développement du cancer. Mais il est clair qu'aujourd'hui, on n'a pas une compréhension complète des mécanismes qui accélèrent les cancers. C'est pour ça qu'on a besoin de recherche. On a besoin de recherche fondamentale pour comprendre les mécanismes qui permettent la dérégulation des tissus. C'est une des thématiques que l'on développe à l'Institut Pasteur.

Autre point important, notre résistance aux antibiotiques ne cesse de grandir. Pourquoi sommes-nous de plus en plus résistants et pourquoi est-ce dangereux ?

C'est très dangereux parce qu'il y a 1,3 million de personnes qui meurent par an de la résistance aux antimicrobiens. Ces microbes évoluent parce qu'il y a peu ou trop d'antibiotiques, un environnement qui change, et ces microbes deviennent maintenant capables de tuer des personnes alors qu'on peut les traiter. Dans un hôpital, par exemple, quelqu'un peut contracter une infection qu'on appellera nosocomiale, qui est un agent antimicrobien qui développe une résistance. On fait ce genre de recherche à l'Institut Pasteur, des nouveaux traitements pour combattre ces bactéries.

Mais justement, est-ce que vous pouvez nous donner des éléments positifs pour inciter aussi les gens à donner ? Est-ce qu'il y a des bonnes nouvelles ? On sait que les recherches sur le cancer avancent très vite, sur d'autres maladies également. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de concret ? L'argent qu'on donne, il sert à quoi concrètement ? Ou il a servi à quoi ces derniers mois ?

C'est extraordinaire aujourd'hui la science. Il y a une accélération des découvertes à cause de technologies innovantes, mais aussi à cause de l'intelligence artificielle. Donc à l'Institut Pasteur, par exemple, grâce à l'intelligence artificielle, on a développé de nouveaux virus qui peuvent attaquer des bactéries résistantes aux antimicrobiens. On a développé de nouveaux algorithmes qui nous permettent de prédire l'évolution des pandémies. Nous avons une jeune scientifique, Amie Bertelot, qui a développé un diagnostic pour l'identification précoce de la ménopause, une maladie très grave de la femme qui reste difficile à diagnostiquer. Donc tout ça, ça sert à ça. Ça sert aussi à former des centaines de scientifiques qui viennent dans notre institut pour devenir les leaders de demain.

La science est menacée aux États-Unis, où vous avez habité pendant longtemps, avec les attaques de Donald Trump. Il y a de plus en plus de chercheurs américains qui viennent s'installer en France ?

Il y a beaucoup de chercheurs américains qui veulent venir s'installer en France. Ils sont menacés. Leur recherche est censurée. Les recherches sur la diversité, sur la génétique, sur la santé de la femme, sur les vaccins sont interdites dans beaucoup d'endroits. Donc beaucoup de chercheurs américains essaient de revenir en Europe.

Et vous, depuis que vous êtes revenue, depuis un an et demi que vous dirigez l'Institut Pasteur après avoir passé 25 ans dans les plus grands centres américains, ça va la mentalité française ? Vous vous y faites ? Vous le regrettez ou non ?

Non, je ne regrette pas du tout. Je sais que la mentalité française, c'est la résistance et je pense que dans le monde d'aujourd'hui, dans lequel on doit se battre pour des valeurs, je suis très heureuse d'être ici.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien.

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