Carklop, une nouvelle plateforme de covoiturage pour acheter des cigarettes à l'étranger, qui énerve les buralistes

Sur le modèle d'un site de covoiturage, Carklop met en relation des conducteurs frontaliers avec des personnes désireuses d'acheter des biens à moindre coût à l'étranger.

Article rédigé par Marie Maheux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Confédération nationale des buralistes dénoncent la création de la plateforme Carklop. (image d'illustration) (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
La Confédération nationale des buralistes dénoncent la création de la plateforme Carklop. (image d'illustration) (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Faire des économies en allant acheter à l’étranger du tabac, de l'alcool ou des produits du quotidien. C'est ce que faisaient déjà de nombreux frontaliers, de l'Allemagne, de la Belgique ou encore de l'Espagne et de l'Italie. Désormais, une nouvelle plateforme, Carklop, lancée jeudi 11 septembre, propose de les mettre en relation pour faire du covoiturage et limiter les frais. De quoi faire bondir les buralistes.

Le principe de Carklop se veut simple. En quelques clics, David, un cuisinier de Bonneville en Haute-Savoie, s'est inscrit sur la plateforme. Une fois son identité et son permis de conduire vérifiés, il a pu proposer un trajet en direction d'Aoste, en Italie, où il va déjà au moins une fois par mois : "C'est entre 20 et 30% moins cher sur les courses alimentaires, explique le frontalier. Et les cigarettes, un paquet coûte en moyenne 6 euros, contre 12,5 euros [en France]." 

Pour David, s'inscrire sur Carklop est une façon de faire des économies sur l'essence, qui lui coûte entre 30 et 40 euros par trajet. Il propose trois places pour 20 euros chacune. Mais pour lui, qui a beaucoup utilisé le site de covoiturage Blablacar, c'est aussi rendre la pareille à ceux qui ne peuvent pas faire le voyage. "J'ai une situation assez stable et je ne suis pas un gros fumeur. Moi, c'est juste vraiment pour partager ma voiture parce que je pense qu'il n'y a pas tout le monde qui peut proposer des trajets", avance-t-il.

Une initiative légale

Le cuisinier le précise d'ailleurs sur son profil : "Je vais souvent en Italie, autant en profiter dans le strict respect des lois !" C'est aussi ce que souligne le fondateur de Carklop, Philippe Poular, ancien réalisateur et habitant de Haute-Saône, qui va lui-même acheter son tabac en Allemagne : "Moi, je donne juste la possibilité à des gens qui ont des petites retraites, des petits salaires, qui, le 10 du mois, se serrent la ceinture... de leur dire, si vous utilisez cette solution, ça va quand même vous redonner un gros pouvoir d'achat."

"Moi, je ne fais que proposer à des gens qui n'ont pas forcément trop de moyens de faire des économies."

Philippe Poular, fondateur de Carklop

à franceinfo

L'initiative n'a rien d'illégal, tant que les utilisateurs respectent la loi. Les limites sont de quatre cartouches de cigarettes au maximum et pas plus de dix litres d’alcool fort et surtout pas de revente ensuite. Philippe Poular assure que sa plateforme, qui prend 15% sur chaque trajet, sanctionnera toute dérive. Et il dit comprendre la colère des buralistes, surtout les frontaliers mais "ce n'est pas moi qui mets ces taxes", rappelle-t-il. "Pourquoi ils ne vont pas attaquer ceux qui vendent comme ça dans la rue ? C'est juste un droit que les gens peuvent utiliser, et donc moi je leur dis utilisez-le", plaide Philippe Poular.

Les buralistes en colère

"C'est complètement hallucinant", réagit pour sa part, sur franceinfo, Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes. Il dénonce le fait que la plateforme "propose à des Français d'aller fumer moins cher ailleurs". "Amener des gens de l'autre côté de la frontière pour des produits de consommation, c'est de la perte de TVA [et] un appauvrissement du commerce de proximité", s'indigne Philippe Coy. 

Le syndicat des buralistes dit réfléchir à des actions légales contre la plateforme et indique qu'il réclame "le seuil d'une cartouche par individu au sein de l'Union européenne", qui existait en France jusqu'en mars 2024. À la date de vendredi, une dizaine de trajets ont été publiés sur la plateforme.

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