Renforcement des formations, prise en charge plus rapide... Ce que contient le plan pour la santé mentale présenté par le gouvernement
La priorité est donnée au repérage et à la prise en charge de jeunes entre 12 et 25 ans souffrant de troubles psychiques. Cela passe notamment par la formation de l'ensemble des personnels sociaux et de santé de l'Education nationale.
"Rester dans la contemplation serait préjudiciable." Le ministre chargé de la Santé et de l'accès aux soins Yannick Neuder a présenté, mercredi 11 juin, un plan consacré à la santé mentale à l'issue d'un comité stratégique interministériel.
Les 26 mesures dévoilées, organisées en trois axes, se veulent le "point de départ" d'"un engagement durable", pour que la santé mentale, érigée par l'exécutif comme la grande cause nationale de l'année 2025, ne soit "pas qu'un slogan", a argué le ministre. Franceinfo en résume les grandes lignes.
Former davantage de personnel à la santé mentale dans l'Education nationale
L'une des priorités du plan concerne la capacité de la collectivité à repérer les troubles psychiques, notamment des jeunes âgés de 12 à 25 ans. "L'ensemble des soignants officiant en milieu scolaire sera formé à la santé mentale", a déclaré Yannick Neuder dans un entretien au Parisien, mercredi soir. "On dispose de 15 000 psychiatres, certains peuvent être dotés d'une valence universitaire pour former leurs collègues paramédicaux", a-t-il ajouté.
L'objectif affiché est de former deux adultes "repères" dans chaque établissement du second degré et chaque circonscription du premier degré d'ici à 2026 et de déployer un modèle national de repérage et d'intervention précoce. Cela passe par la formation de l'ensemble des personnels sociaux et de santé de l'Education nationale (infirmiers, médecins, psychologues et assistants de services sociaux, énumère le ministère) au repérage rapide des troubles de la santé mentale, avec un "kit" remis "à 100% de la communauté éducative".
"Il y a urgence à renforcer la prise en charge de la santé mentale de la population, particulièrement des plus jeunes. Je crois que ne rien faire, rester dans la contemplation, serait extrêmement préjudiciable."
Yannick Neuder, ministre de la Santésur France Inter
Le plan prévoit également de mobiliser dans les établissements scolaires les étudiants en santé membres du service sanitaire. Leur objectif sera de sensibiliser les jeunes aux compétences psychosociales et de former 300 000 secouristes en santé mentale d'ici à 2027, ce qui représente un doublement de ce contingent.
Mais les ambitions sont douchées par les syndicats. "Sans moyens financiers, on ne voit pas bien comment ça peut fonctionner", déclare Catherine Nave-Bekhti (CFDT Education), alors qu'"on manque cruellement d'infirmières, de médecins et de psychologues scolaires, d'assistantes sociales". "On ne peut pas faire peser le poids de ce défi uniquement sur les personnels déjà en place", estime Sophie Vénétitay (Snes-FSU).
Renforcer la formation des personnels en médecine pour "susciter des vocations"
"L'enseignement de la psychiatrie sera renforcé dès le deuxième cycle des études médicales, afin de susciter des vocations et de mieux former les futurs professionnels à la santé mentale", affirme encore le ministère. L'objectif est d'atteindre 600 internes en psychiatrie en 2027 et de "développer l'attractivité" des métiers du secteur.
Pour cela, le gouvernement compte lancer en 2025 une "mission nationale sur les conditions de travail en psychiatrie". Un plan d'action doit être présenté en 2026.
Accélérer la prise en charge des troubles
Une fois que les problèmes sont repérés, il est nécessaire de pouvoir les prendre en charge de façon rapide. Alors que les temps d'attente peuvent être extrêmement longs dans les centres médicaux psychologiques, Yannick Neuder a évoqué sur France Inter un système de "coupe-file" qui permettrait à un jeune "repéré par des troubles de son comportement" d'être pris en charge de façon prioritaire.
Alors que les urgences psychiatriques font office de "point d'entrée par défaut dans le système", il s'agit d'éviter "l'hospitalisation systématique", explique le ministère.
Améliorer les "outils pratiques" des généralistes et renforcer "Mon soutien psy"
En première ligne pour repérer la souffrance psychique, les médecins généralistes se trouvent "insuffisamment outillés pour y répondre", juge le ministère de la Santé. Pour les appuyer, le plan entend lancer un "socle national d'outils pratiques pour les médecins généralistes", pour ensuite orienter au mieux les patients et les suivre.
Le plan prévoit également un renforcement du dispositif Mon soutien psy, qui permet la prise en charge d'une partie du coût des séances chez des psychologues pour les personnes atteintes de troubles "légers à modérés". L'exécutif espère le doublement d'ici à 2027 de psychologues conventionnés dans ce cadre, pour passer de 6 000 à 12 000. Sans précision des moyens engagés pour y parvenir.
Une meilleure réponse passe aussi par un maillage plus efficace du territoire. Pour les personnes en détresse psychique, le gouvernement prévoit de déployer progressivement, en 2025, 30 filières psychiatriques du Service d'accès aux soins, qui permet les patients vers les services adaptés. Le ministère compte mettre en place une structuration des parcours en urgence psychiatrique afin de rendre la prise en charge plus claire et graduée.
Alors que "les communes, départements, intercommunalités sont de plus en plus confrontées" à des situations problématiques liées aux troubles psychiques, le gouvernement propose d'élaborer "un guide national pratique à destination des collectivités". Il se fonderait sur "des initiatives existantes ayant fait leurs preuves sur le terrain d'addictions ou de perte d'autonomie, isolement social, ruptures de droits".
Lutter contre les pénuries de médicaments
Afin de combattre les pénuries "très graves" de psychotropes, selon Yannick Neuder, de nouvelles consignes doivent être données en lien avec l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. "Les grossistes répartisseurs ne doivent plus vendre à l'étranger pour pouvoir avoir une substitution de traitement", a déclaré le ministre sur France Inter. Il s'agit d'une "question de souveraineté sanitaire de la France", a-t-il prévenu.
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