Les césariennes 50 fois plus mortelles pour les femmes en Afrique
Le taux de décès maternel après un accouchement par césarienne serait 50 fois plus élevé en Afrique que dans les pays à haut revenu. En cause : des complications diagnostiquées tardivement ou liées à l’anesthésie.
Près d'une femme sur 200 décéderait après une césarienne en Afrique. C’est le résultat d’une étude menée par des chercheurs de plusieurs universités africaines sur 3.684 femmes ayant accouché par césarienne pendant sept jours en 2016 dans 22 pays d’Afrique sub-saharienne. Ces travaux sont au sommaire du numéro d’avril 2019 dans la revue médicale The Lancet Global Health.
Les chercheurs ont enregistré 20 décès maternels ou néonataux (28 jours après l’accouchement) sur les 3.684 césariennes prises en compte, ce qui correspond à 5,43 décès pour 1.000 opérations. Un chiffre 50 fois plus élevés que les taux enregistrés en Europe comme en France ou au Royaume-Uni qui sont environ de 0,1 décès pour 1.000 césariennes.
A lire aussi : Quels sont les risques après une césarienne ?
Rupture de l’utérus, saignements et anesthésie
Mais comment expliquer un tel résultat ? Dans cette étude, les trois quarts des césariennes ont été faites en urgence (2.867 femmes soit 78,2% des cas). Et nombre de mères sont arrivées en chirurgie avec un risque préopératoire déjà élevé en raison de complications liées à la grossesse, malheureusement diagnostiquées et prises en charge trop tardivement.
Conséquence : les femmes africaines ont présenté près de trois fois plus de complications pendant l'intervention chirurgicale que les femmes des pays à haut revenu. Or, selon les chercheurs, les mères qui ont des complications placentaires préopératoires, une rupture de l'utérus, des saignements avant la naissance, des saignements obstétricaux sévères au cours de la chirurgie sont plus susceptibles de mourir après ou au cours d'une césarienne. Des complications liées à l’anesthésie en elle-même sont également mises en cause dans les décès maternels.
Améliorer l’accès à la césarienne et sa sécurité
Pour diminuer ces taux élevés de mortalité maternelle, le professeur Bruce M. Biccard, co-auteur de l’étude et spécialiste en anesthésie à l’université du Cap en Afrique du sud, préconise ici une meilleure identification précoce de risque de saignement et une utilisation moins restrictive des traitements de l'hémorragie post-partum. De même, "améliorer l'accès à la chirurgie - et la sécurité de cette procédure - pourrait permettre aux patientes de se présenter plus tôt et d'éviter des complications et des décès", confie-t-il à l’AFP. Ainsi, "paradoxalement, alors que de nombreux pays cherchent à réduire le taux d'accouchement par césarienne, l'augmentation du taux de césariennes reste une priorité en Afrique" ajoute le professeur Biccard.
En effet, le nombre de naissances par césarienne a quasiment doublé dans le monde en quinze ans, de 12% à 21% entre 2000 et 2015, dépassant même 40% dans 15 pays alors que seulement 10% à 15% des césariennes pratiquées seraient médicalement nécessaires. Mais en Afrique sub-saharienne, un taux plus élevé de naissances par césarienne offrirait aux mères un plus faible risque péri-opératoire.
À regarder
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
-
Cambriolage du Louvre : ces autres musées volés
-
Cambriolage au Louvre : l'émotion et la colère de Stéphane Bern
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter