Dépistage de l'endométriose : cinq questions sur les tests salivaires en cours d'expérimentation pour certaines femmes
Ces tests, qui seront disponibles dans 80 hôpitaux français, constituent un espoir pour les femmes en attente de diagnostic souvent depuis plusieurs années.
Un dispositif qui pourrait changer le quotidien de millions de femmes en France. A partir du mardi 11 février, des tests salivaires de diagnostic de l'endométriose, une maladie gynécologique chronique qui peut provoquer des règles douloureuses et des problèmes de fertilité, seront expérimentés dans 80 hôpitaux français, a appris France Télévisions. Avec ce procédé, "on met fin à sept ans d'errance médicale en moyenne", s'est félicitée Catherine Vautrin, la ministre de la Santé, sur France Inter. Pour l'heure, "l'objectif est que 2 500 tests soient réalisés et qu'ensuite [la Haute Autorité de santé] donne son avis définitif", a-t-elle détaillé. Diagnostic de la maladie, fonctionnement des tests, personnes concernées... Franceinfo fait le point sur ce nouveau dispositif.
1 Qu'est-ce que l'endométriose ?
L'endométriose est une maladie gynécologique chronique affectant l'endomètre, le tissu qui tapisse l'utérus. Chez les femmes atteintes de cette maladie, certaines cellules de l'endomètre migrent en dehors de l'utérus, ce qui entraîne des lésions sur différents organes de la région pelvienne, comme le rectum, la vessie ou les ovaires, et plus rarement jusqu'aux intestins voire aux poumons, souligne l'Assurance-maladie. La maladie génère une inflammation et peut provoquer des douleurs, notamment lors des règles ou des rapports sexuels, ainsi que des problèmes de fertilité chez environ 30 à 40% des femmes concernées, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette maladie touche environ une femme en âge de procréer sur dix, selon cette même source.
2 Pourquoi réaliser un test salivaire ?
Cette nouvelle méthode de depistage constitue un grand espoir pour les patientes et la communauté médicale et scientifique car l'endométriose est diagnostiquée en moyenne au bout de sept ans, selon l'Assurance-maladie, qui fait état d'un "retard" de diagnostic "quasi systématique". Celui-ici peut en effet "s'avérer difficile" quand l'examen clinique et le bilan d'imagerie médicale "produisent des résultats discordants", expliquait la Haute Autorité de santé en octobre.
Dans son communiqué, l'organisme souligne donc que ces tests salivaires pourraient "alors éviter aux patientes une cœlioscopie". Cette intervention chirurgicale, qui permet d'accéder à l'intérieur de l'abdomen par des incisions de la paroi abdominale, est utilisée quand l'endométriose n'est pas détectable sur les imageries médicales.
Même s'il n'existe pas de traitement définitif, "mettre un nom sur sa maladie, c'est permettre d'avoir une prise en charge adaptée", salue Céline Ferrara, direction des opérations de l'association Endomind, interrogée sur franceinfo. "Un test comme celui-ci permettrait une prise en charge précoce. (...) On estime qu'il faut vraiment le généraliser très rapidement."
3 Comment fonctionnent-ils ?
Ces tests présentent l'avantage de nécessiter un simple échantillon de salive, qui contient des microARN, des marqueurs biologiques spécifiques de la maladie. "Ce test se présente sous la forme d'un kit d'autoprélèvement, réalisé à domicile par la femme concernée, qui l'envoie ensuite à un laboratoire via une enveloppe jointe dans la boîte", précise l'Assurance-maladie.
A l'aide d'un séquençage de l'échantillon de salive, les médecins parviennent à obtenir des résultats au bout d'une dizaine de jours. Cette technique permet également de diagnostiquer la maladie "y compris les formes péritonéales [qui touchent le péritoine, une membrane qui tapisse les parois de l'abdomen] les plus précoces, invisibles à l'imagerie ou à la chirurgie", note l'entreprise Ziwig, qui a développé ces tests, dans un communiqué.
Mais cette technologie a un coût : il faut compter 839 euros par test, selon l'arrêté paru au Journal officiel, lesquels sont remboursés par la Sécurité sociale.
4 Ces tests sont-ils fiables ?
Le fabricant vante une efficacité à 97,4%. Dans son avis de janvier 2024, la Haute Autorité de santé a estimé que pour l'heure, "les données restent trop préliminaires pour accorder un avis favorable au remboursement" pour toutes les femmes présentant des symptômes d'endométriose. C'est pourquoi elle proposait plutôt de "permettre un accès précoce et sécurisé des femmes à ce test (...) qui permettra de recueillir les données manquantes aujourd'hui".
Pour l'heure, ces tests salivaires n'ont "pas encore fait l'objet d'essai randomisé contrôlé", avec un échantillon de patientes plus large, incluant des femmes chez qui l'endométriose n'a été ni diagnostiquée ni suspectée, "ce qui est indispensable pour une étude médicale", souligne Daniel Vaiman, chercheur à l'Inserm, contacté par franceinfo.
"Pour l'instant, ces essais n'ont pas intégré suffisamment de données."
Daniel Vaiman, spécialiste de l'endométrioseà franceinfo
Si ce spécialiste de l'endométriose ne remet pas en cause ces premiers résultats "prometteurs", il regrette que "l'échantillon testé soit très faible", d'autant "l'endométriose a des facteurs très hétérogènes", soulève le scientifique. Dans son rapport publié fin 2023 (PDF), la Haute Autorité de santé faisait état de 237 patientes testées.
5 A qui sont-ils destinés ?
Ces tests salivaires pourront bénéficier, dans les mois à venir, à 25 000 patientes, chez qui "l'imagerie [est] normale ou équivoque mais [qui] présentent des symptômes très évocateurs et invalidants de la maladie", précise l'arrêté paru au Journal officiel. Les 2 500 premières seront incluses dans une étude clinique dont les résultats conditionneront une éventuelle généralisation du remboursement. Ces tests seront ensuite accessibles à 22 500 patientes supplémentaires non incluses dans l'étude, précise cette même source. La liste des hôpitaux et cliniques participant à l'essai est consultable en annexe de l'arrêté paru au Journal officiel. "A plus long terme, nous espérons que ce test sera disponible en premier recours, avant les imageries, pour notamment que des personnes qui se trouvent dans des déserts médicaux puissent avoir une réponse rapidement", espère Priscilla Saracco, la directrice générale de l'association Endomind, sur RTL.
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