La santé mentale des aidants se dégrade fortement, selon une enquête de la Ligue contre le cancer

La France compte 11 millions d'aidants, selon la Ligue contre le cancer.

Article rédigé par franceinfo
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Les aidants s'exposent eux-mêmes à des pathologies graves. (ROBERTO WESTBROOK / IMAGE SOURCE / AFP)
Les aidants s'exposent eux-mêmes à des pathologies graves. (ROBERTO WESTBROOK / IMAGE SOURCE / AFP)

La santé mentale des aidants se détériore, selon une enquête de la Ligue contre le cancer que France Inter révèle, lundi 6 octobre, à l'occasion de la journée des aidants. Cette enquête pointe la dégradation alarmante de leur santé mentale : 1 sur 5 (19,3%) a déjà eu des pensées suicidaires et près de la moitié présente des symptômes dépressifs (45,9 %). La France compte 11 millions d'aidants, selon la Ligue contre le cancer, des Français qui accompagnent un proche en situation de handicap, un malade du cancer ou d'une autre pathologie.

Selon la Ligue contre le cancer, les aidants sont aussi sujets à des consommations à risques : 7 sur 10 (66,3 %) ont vu leurs consommations d'anxiolytiques, d'antidépresseurs, de jeux d’argent, de cannabis, de tabac ou encore d'alcool augmenter. Les aidants s'exposent ainsi eux-mêmes à des pathologies graves, le tabac et l’alcool étant respectivement le premier et le deuxième facteur de risque de cancer, rappelle la Ligue, qui ajoute qu'une de ces récentes études a montré que la dépression serait liée à un risque accru de cancer du sein (+14 %). Une double peine qui affecte notamment les jeunes (18-40 ans) et les femmes, qui représentent près de 60 % des proches aidants. La Ligue contre le cancer pointe chez elles "une charge mentale disproportionnée et un facteur de risque sanitaire majeur".

"Expliquer à l'aidant ce qui va l'attendre pendant et après"

Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, propose donc de créer une consultation spéciale pour les proches, après l’annonce de la maladie pour "expliquer à l'aidant ce qui va l'attendre pendant et après". Il ajoute que "quand tout cela va s'arrêter, il faut reprendre un tissu social, reprendre l'envie de vivre" notamment parce que les pensées suicidaires peuvent arriver après, précise-t-il. La Ligue demande par ailleurs l'élargissement d'accès au congé de proche aidant (qui permet au salarié de s'occuper d'une personne handicapée ou âgée ou en perte d'autonomie) et l'extension du droit au répit (qui permet au proche aidant de se libérer du temps pour ses activités, se reposer et éviter l'épuisement). Mais aussi un renforcement des droits des malades eux-mêmes, comme le renforcement du soutien à domicile et un meilleur accès dans les transports en commun.

"L'aidant compense parfois le manque d'accompagnement" des malades, d'où le "surmenage" de bon nombre d'entre eux, estime lundi sur France Inter la présidente du collectif Je t'Aide, qui regroupe une trentaine de structures défendant les droits des aidants. Pour Corinne Benzekri, il faut leur permettre d'être accompagnés tout au long de leur parcours et d'avoir accès à toutes les informations nécessaires sur les aides disponibles. Des lieux de ressource existent déjà, souvent développés et portés par des associations.


Méthodologie : Enquête de l’Observatoire sociétal des cancers menée en ligne du 27 juin au 27 juillet 2025 auprès de 350 proches aidants de personnes touchées par le cancer et portant sur les symptômes ressentis, leurs habitudes de consommation, leurs comportements, les professionnels de santé consultés et leurs recommandations pour améliorer leur accompagnement.

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